Notes chronologiques sur Saint-Jean-d'Angle

(1047-vers 1500)

 

La commune de Saint-Jean-d'Angle correspond aux deux anciennes paroisses de Saint-Jean-d'Angle et de Saint-Fort. A la Révolution, ces deux paroisses ont formé deux communes distinctes mais la seconde a été rattachée à la première par ordonnance du 31 mars 1825. Nous avons réuni quelques notes chronologiques sur les deux paroisses. L'île de Malaigre est traitée à part, parce qu'elle constitue une entité originale .

Saint-Jean-d'Angle

- 1047 : l'église de Saint-Jean-d'Angle est donnée, " dans son intégrité ", au monastère de Sainte-Marie de Saintes à sa fondation (Abbé Grasilier, Cartulaire de Notre-Dame de Saintes, n° 1, p. 2).

- [1100-1107] : Pierre Maurin vend au même établissement la part d'un moulin qui était à sa soeur Marie ; parmi les garants : Foucher de Saint-Jean-d'Angle (Ibid., n° 244, p. 160-161).

- 27 août 1119 : privilège du pape Calixte en faveur de Sainte-Marie de Saintes, qui mentionne, parmi les dépendances de l'abbaye : " l'église de Saint-Jean-d'Angle avec la dîme de la paroisse " (Ibid., n° 6, p. 13).

- 1141 : privilège du roi Louis VII en faveur de la même abbaye, où l'on relève : " la moitié de l'église de Saint-Jean-d'Angle avec son intégrité " (Ibid., n° 28, p. 35).

- 12 mai 1167 : privilège du pape Alexandre en faveur de la même abbaye : " l'église de Saint-Jean-d'Angle avec la dîme de toute la paroisse " (Ibid., n° 10, p. 19).

- sans date : quand Sibille de Doué, prioresse de Marennes pour l'abbaye Notre-Dame de Saintes, fait clore le marais de Trans Mare, elle se heurte à l'opposition conjointe de Giraud de la Roche, prieur de Sainte-Gemme, de G., de Doué, seigneur de Broue, d'Arnaud Alexandre et G. Alexandre, prévôts du roi dans le marais, et de Guillaume Ogier, prévôt du seigneur de Broue, au sujet du terrage dudit marais ; les parties s'en remettent au témoignage de " bons hommes " et les témoignages sont tous favorables à l'abbaye (Ibid., n° 272, p. 175-176).

- 1241 : Geoffroy de Doué donne au prieur de Sainte-Gemme tout le droit qu'il a au marais appelé les Marais, situé en la paroisse de Saint-Jean-d'Angle (Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome XIX, p. 363, n° 36).

- 1243 : la terre d'Herbert de Fors, soldat, à Fiole et à Saint-Jean-d'Angle, qui a été saisie après la campagne de 1242, est affermée à Guillaume Martin, pour deux ans, à compter de la saint Jean-Baptiste 1243, pour 40 livres par an ; le " rivage " de Saint-Jean-d'Angle est affermé au même, à compter de la Nativité de Notre-Dame 1243, pour deux ans également, pour 20 livres, avec gages et amendes jusqu'à 60 sous (Archives Historiques du Poitou, tome IV, p. 6).

- Toussaint 1243 : dans un compte concernant les biens du comte de Poitiers Alfonse figure du vin vendu pour 17 sous, du produit d'une terre " forfaite ", qui a été saisie sur Arnaud Alexandre (Ibid., p. 34-35).

- 7 juin 1258 : Arnaud Alexandre, de Saint-Jean-d'Angle, et Geoffroy, son fils, font savoir qu'ils ont donné au prieuré de Montierneuf tout le droit qu'ils avaient ou pouvaient et devaient avoir dans le port de Saint-Agnant, dans tous les marais cultes et incultes et dans toutes les chenaux depuis la chenau de Burgoing jusqu'à celle de Golias, y compris ces dernières, et ce qu'ils avaient de droit dans tous les marais cultes et incultes depuis la chenau de Brouage jusqu'à la terre douce, du côté de Saint-Agnant (Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome XXII, p. 135-136, n° LXXXXIX).

- 16 juin 1282 : une lettre de la cour d'Angleterre précise que, dans les dépendances de Champagne sont, depuis le temps où le comte de Poitiers tenait la terre de Saintes, " le fief de Fiole ", le " taillage " de Saint-Agnant et le " rivage " de Saint-Jean-d'Angle (Rôles Gascons, tome II, n° 583, p. 159-160).

- 15 janvier 1310 : composition financière entre Hugues de la Celle, commissaire du roi, et Jean de Lobet, clerc, fils et héritier de feu maître Raymond de Lobet, jadis bourgeois de Saint-Jean-d'Angély, au sujet de 25 setiers de froment achetés en fiefs nobles par le feu maître, au temps qu'il vivait, dont 20 setiers acquis de monseigneur Jean Raymond, chevalier, et autres, sur les hébergements du dit chevalier à Malvau, à Forges, à Saint-Jean-d'Angle et à la Raymondière (Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome XII, p. 43-44).

- vers 1380 : Marie, fille de Jean Raymond (désigné ci-dessous), vicomte d'Aubeterre, épouse Guy Bouchard (Jean Burias, " Géographie historique du comté d'Angoulême ", dans Mémoires Soc. Archéologique de la Charente, année 1955, p. 12).

- 6 mars 1393 : Jean Raymond, chevalier, seigneur d'Aubeterre et de Forges, est homme lige du seigneur de Tonnay-Charente " à cause de son lieu de Forges " (Abbé Brodut, Tonnay-Charente et le canton, tome I, p. 137).

- 1406 : mariage de Yolande Bouchard avec Charles de Saint-Gelais, à qui elle apporte la seigneurie de Saint-Jean-d'Angle (Beauchet-Filleau, Dictionnaire des familles du Poitou, tome I, p. 641).

- 14 novembre 1453 : aveu et dénombrement rendu par Jean de Saint-Gelais au sieur de Villequier, seigneur de Broue, du fief de la Motte et ville de Saint-Jean-d'Angle (Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome XIX, p. 359, n° 9) ; une autre analyse, qui donne la date du 15 novembre 1453, mentionne que l'aveu a été fait pour " le château de la Mothe et de Saint-Jean-d'Angle et 25 livres de marais, au devoir d'un touret d'or " (ibid., p. 370, n° 83).

- 1er février 1461 : aveu au roi, à cause du ressort de Saintes, des marais de Saint-Symphorien et de Saint-Jean-d'Angle, au devoir d'un marbotin d'or de morte-main, par Jean de Saint-Gelais, chevalier, seigneur de Saint-Gelais et de Saint Jean d'Angle (Archives Nationales, registre P 585, fol. III, n° III).

- 1er juin 1474 : aveu et dénombrement rendu par Jean de Saint-Gelais au sieur de Pons des château de la Mothe et de Saint-Jean-d'Angle et autres héritages, au devoir d'un touret d'or (Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome XIX, p. 371, n° 90).

Saint-Fort

L'ingénieur géographe Clause Masse présente en ces termes la petite paroisse de Saint-Fort, au début du XVIIIe siècle : " Cette paroisse est trez petite et ne contient que 30 feux, y compris l'Isle de Malégre ou du Maligne qui est dans les marais sallans qui dépendent de l'abbaye de Sablanceau. Son église n'est pas grande et ne paroit point avoir été ruinée. La maison seigneuriale est assez jolie ; elle a deux bois de haute futaye au nord. La terre ferme de cette paroisse est presque toute en bois taillis, quelque peu de vignes, peu de terres labourables. Il y a beaucoup de marais sallans qui en dépendent et qui sont en partie ruinez et se ruinent actuellement " (p. 325).

- 1075 : le comte de Poitiers Guillaume et sa femme Hildiardis ont donné à l'abbaye de la Trinité de Vendôme une partie du " breuil de Saint-Fort " ; ensuite Arnaud de Montausier a abandonné " l'autre partie de la dîme, appartenant à la chapelle de Saint-Fort ", contre le paiement de 60 sous (Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome XXII, p. 56-57). La date se rapporte à la dernière concession.

- 3 mai 1259 : Forton, archidiacre de Saintonge, arbitre un différend entre les moines de la Trinité de Vendôme et l'abbaye de Sainte-Marie de Saintes, au sujet de la dîme de marais salants situés près de Saint-Fort. Il s'agissait de savoir si ces marais étaient de la dîmerie de Saint-Jean-d'Angle qui appartenait à Sainte-Marie de Saintes. Les marais de cette dîmerie seront séparés par des bornes des autres qui demeureront à Montierneuf (Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome XXII, p. 136-138, n° XC).

- 1266 : dans l'une des enquêtes effectuées pour le comte de Poitiers dans la région, on note : " au sujet de la demande de Guillaume Martin, que lui soit rendue la possession du chauffage dans le bois de Fiole, pour sa maison de Saint-Fort, réservée cependant la question de la propriété au comte " (Fournier-Guébin, Enquêtes administratives d'Alfonse de Poitiers, p. 197, n° 55).

- 6 février 1324 : Guillaume de Sairinghe (sic), recteur de l'église de Saint-Fort d'Angle (sic) (Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome XXII, p. 209).

- 27 novembre 1324 : Guillaume, recteur de l'église de Saint-Fort (ibid., p. 212).

- 1er juillet 1407 : privilège accordé par l'abbé de Vendôme aux habitants dépendant du prieuré de Saint-Agnant : " ... de même les dits habitants auront leur usage pour faucher le foin, pour quelque usage que ce soit, depuis la tonnelle de Saint-Fort jusqu'à la chenau de Saint-Agnant et jusqu'à la terre douce... " (Ibid., p. 282).

- 1463 : Louis, évêque de Saintes, attribue au prieur de Montierneuf la présentation à l'église Saint-Fort, près Saint-Jean-d'Angle (Ibid., p. 292).

- 21 octobre 1480 : aveu et dénombrement rendu au roi comme seigneur de Saintes, par Jean de la Faye, écuyer, " vigier " de Montguyon, de " tout le droit et toute la raison et seigneurie " qu'il a " en la paroisse et terre de Saint-Fort sous Brouage ", à cause de sa femme Jeanne de la Tour, à hommage plain et au devoir de dix sous de monnaie courante à payer à muance de vassal et de quatre jours de garde au château de Saintes quand celui-ci est assiégé par les ennemis du roi, savoir deux jours aux dépens du roi et deux jours à ses propres dépens (Archives nationales, registre P. 585, lxx verso, n° xl).

- [1484-1495] : déclaration du temporel du prieuré de Montierneuf ; on note, dans la délimitation : " ... jusques au peyré du Pas d'Arnaige, despartant toujours ledit bailliage [de Champagne] et ladite terre de Montierneuf, ainsi que se porte le grand arceau dudit peyré rendant tout le long dudit cours jusques à la terre et seigneurie de Saint-Fort, ainsi que porte un vieil chemin rendant tout près et joignant la maison où à présent demeure Heliot Maquère, descendant tout ce droict le long d'un foussé qui est entre ladite seigneurie de Saint-Fort et la seigneurie de Montierneuf jusques au port de la Tonnelle, lequel port est au dedans de ladite terre de Montierneuf, rendant tout le long de ladite terre doulce de Saint-Fort jusqu'au chemin par lequel on va et vient de Saint-Fort à Malaigre, et d'icelluy chemin passant entre les maroys sallans de ladite seigneurie de Mallaigre et les maroys de ladite seigneurie de Montierneuf, descendant en ladite chenal de la Tonnelle ... " (Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome XXII, p. 300-301).

 Malaigre

- [1126-1136] : le comte de Poitiers Guillaume donne à Geoffroy de Loriol et ses compagnons, en même temps que " le lieu de Sablonceaux pour y édifier une église " : " le lieu qui est dit Mas Aigre, avec bois, terre culte ou inculte, eau douce ou salée, et avec les appartenances de volatiles, de quadrupèdes et de poissons et ce que j'ai en ce lieu... " (Archives Historiques du Poitou, tome LXI, 1982, p. 4-5).

- 8 mars 1197 : Othon, duc d'Aquitaine et comte de Poitiers, confirme à l'abbaye de Sablonceaux toutes les donations faites par les comtes de Poitiers, ses prédécesseurs, parmi lesquelles " le lieu qui est dit Masaigre, avec bois, terre culte ou inculte, douce ou salée, et les dépendances et le droit de prendre volatiles, quadrupèdes et poissons " (Gallia Christiana, tome II, instrumenta, 477-478).

- avril 1251 : au cours d'une enquête, Guillaume Martin dépose que le comte de la Marche, quand il tenait la terre de Saintes, percevait dans un marais, près de Saint-Agnant, du côté de Malaigre, le " rivage " des navires qui y " appliquaient " (18 deniers de chaque navire) et le prieur de Saint-Agnant avait le même droit sur les navires qui appliquaient du côté de Saint-Agnant (18 deniers également de chaque navire) ; depuis, le dit prieur perçoit le " rivage " de chaque côté. Le dit comte de la Marche avait toute la justice dans lesdits marais, justice alors exploitée par ledit prieur (Fournier-Guébin, Enquêtes..., op. cit., p. 3, n° 4). Pour la même enquête, maître Jean Villain croit que le comte de Poitiers a la seigneurie sur chaque " rivage ", c'est-à-dire du côté de Malaigre et du côté de Saint-Agnant (ibid., p. 4, n° 6).

- avril 1254 : Geoffroy de Doué, soldat, seigneur de Broue, fait savoir qu'il a donné au prieuré de Montierneuf, près Saint-Agnant, le droit qu'il avait ou pouvait avoir dans tout l'étier ou chenau de Borgong, de part et d'autre, et dans la chenau de Saint-Agnant et des moulins, et dans le port de cette chenau, tant supérieur qu'inférieur, dans la chenau de Golias, de part et d'autre, jusqu'à Malaigre et jusqu'à la chenau de la Pierre, et dans cette chenau, que la planche de la nef soit appliquée du côté de Malaigre ou du côté de Saint-Agnant ; de même qu'il a abandonné la maltôte qu'il percevait dans les susdites chenaux ; de même la part d'étanchage qu'il avait ou devait avoir dans tous les marais et salines qui sont depuis le canal de Borgong et en dessous, vers la terre de Soubise et vers la terre de Saint-Agnant, et jusqu'à la chenau de Brouage et de cette chenau jusqu'à la terre douce vers Saint-Agnant, et jusqu'à la chenau de la Pierre et jusqu'à la chenau de Brouage, si la planche est du côté de Malaigre, ainsi qu'il est dit plus haut ; de même tout le droit qu'il avait ou pouvait avoir dans toutes les salines et marais cultes et incultes qui s'étendent de l'étier ou chenau de Borgong jusqu'à la chenau de la Pierre et de la chenau de Brouage jusqu'à la terre douce vers Saint-Agnant (Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome XXII, p. 131-133, n° LXXXVII).

- mardi 15 octobre 1325 : le lieutenant du sénéchal de Saintonge, en assise tenue à Nancras, rend au prieur de Montierneuf la haute justice de Malaigre et ordonne au bailli de Champagne de restituer au même prieur les gages qu'il a saisis (Ibid., p. 213-215).

 Cette série de documents ne permet pas de faire un historique des seigneuries de Saint-Jean-d'Angle et de Saint-Fort. Cependant, elle permet de constater que, dans les premières années du XIIe siècle, existe un certain Foucher, dit " de Saint-Jean-d'Angles ", que nous ne connaissons d'ailleurs pas autrement. Ensuite se manifestent Arnaud Alexandre et son fils Geoffroy qui, en 1258, abandonnent leurs droits dans les marais de la seigneurie de Montierneuf ; ce sont peut-être les prédécesseurs des seigneurs connus de Saint-Jean-d'Angle. Cependant, ce n'est qu'au début du XIVe siècle qu'on appréhende avec certitude un maître du lieu : le 15 janvier 1310, Jean Raymond, chevalier, est désigné comme ayant vendu à un bourgeois de Saint-Jean-d'Angély une rente assise sur ses " hébergements " de Malvau, Forges, Saint-Jean-d'Angles et la Raymondière. Ce chevalier appartient à une famille connue, installée à Malvau depuis le XIe siècle, sous l'autorité des Rancon.

La seigneurie de Saint-Jean-d'Angle passe ensuite aux mains des Bouchard, en conséquence du mariage de Marie Raymond, fille d'un autre Jean Raymond, avec Guy Bouchard, descendant de Pierre Bouchard, seigneur de Cornefou, et Yolande de Rochefort. Ce dernier Jean Raymond est vivant le 6 mars 1393, quand le seigneur de Tonnay-Charente le désigne parmi ses " hommes liges ", " à cause de son lieu de Forges ". Les Bouchard ne conservent pas longtemps leur acquisition : en 1406, Yolande Bouchard, qui porte le même nom que son aïeule de la maison de Rochefort, se marie avec Charles de Saint-Gelais, à qui elle apporte la seigneurie de Saint-Jean-d'Angle.

C'est ainsi qu'en novembre 1453 un Jean de Saint-Gelais fournit au seigneur de Broue le premier aveu et dénombrement connu pour " le château de la Mothe et de Saint-Jean-d'Angle ". Malheureusement, la consistance du fief nous échappe parce que nous ne connaissons cet aveu que par un inventaire. Le seigneur de Saint-Jean-d'Angle tient d'autre part du roi, à cause du château de Saintes, des droits dans les marais des paroisses de Saint-Jean-d'Angle et de Saint-Symphorien, dont le détail est fourni par un aveu de Jean de Saint-Gelais daté du 1er février 1461.

Il s'agit d'une sorte de fief de prévôté. Le seigneur de Saint-Jean-d'Angle est chargé par le roi de bailler les terres abandonnées des marais et de terrager les blés ; pour ce faire il a un prévôt, qui est le " vigier " de Broue ; en rémunération de ce service, il perçoit le sixte des récoltes, qu'il partage avec des parsonniers. De plus il doit affermer les essarts, en disposant du produit de la ferme, qu'il partage également avec des parsonniers. Il doit aussi bailler les "perches ou estaulx" sur les chenaux, service pour lequel il prend un cent d'aubussons de rente annuelle sur chaque "estau" (1). Il doit encore placer dans ces marais, pour garder les blés et les prés, des pradiers qu'il présente aux gens du roi qui reçoivent leur serment ; ces pradiers reçoivent 6 deniers de salaire " par ajournement ". Il faut ajouter quelques droits qui ne semblent pas liés à des services particuliers : la moitié du produit de la coutume appelée rivage et la moitié des amendes, qu'il reçoit des officiers royaux ; la moitié des droits de naufrage et poisson royal, qu'il perçoit dans les mêmes conditions ; le quart dans le sixte du sel de certains marais, la moitié dans le sixte du foin...

Le premier seigneur identifiable de Saint-Fort est Guillaume Martin, qu'on suit depuis avant la guerre de 1242 jusqu'en 1266. Il a un droit de chauffage dans les bois de Fiole, pour sa " maison " de Saint-Fort. C'est un personnage peu considérable, qui afferme des terres saisies et ne néglige pas d'exercer la charge de sergent d'un bailli comtal. Ensuite, il faut attendre octobre 1480 pour constater qu'un Jean de la Faye avoue tenir du roi en qualité de seigneur de Saintes, sa seigneurie dans la paroisse de Saint-Fort, à cause de sa femme Jeanne de la Tour. Cette seigneurie ne s'étend d'ailleurs pas à toute la paroisse ; Malaigre, notamment, en est exclue, dont la haute justice est disputée entre le prieur de Montierneuf et les agents royaux.

Note

(1) Les "perches ou estaulx" sont des dispositifs de pêche qui n'ont pas été définis. Nous ignorons quels poissons sont désignés par "aubussons".

Publié dans le bulletin de la Société d'archéologie et de sauvegarde du patrimoine cantonal (de Saint-Porchaire), n° 11, année 1994, p. 12-17.