NOTES HISTORIQUES SUR PONT-l'ABBÉ

 

On sait que la commune de Pont-l'Abbé (1) est composée des territoires de trois anciennes paroisses : Pont-l'Abbé, Saint-Michel de la Nuelle et la Chaume. Lors de la création des communes, ces paroisses ont constitué trois communes distinctes, mais les deux dernières ont été réunies à la première par ordonnance du 13 novembre 1825. Ce regroupement a doublé la population de Pont-l'Abbé qui, de 594 habitants en 1820, est passée à 1110 en 1826. On sait également que la graphie Pont-l'Abbé est absurde, la " ville " ayant appartenu non à un abbé mais à une abbesse, en l'occurrence " madame de Saintes ". Le nom, de type pons lapideus, signifie " pont de pierre ". Faut-il ajouter que de mauvaises latinisations médiévales, du genre Ponti labium, ont donné lieu à une interprétation " lèvre de la mer ", aussi absurde que la graphie actuelle.

La terre et seigneurie de Pont-l'Abbé

Le plus ancien passé connu de Pont-l'Abbé s'identifie pour une bonne part avec celui du prieuré local, qui dépendait de l'abbaye Sainte-Marie, hors les murs de Saintes. Dans l'acte de dotation de cette abbaye, en 1047, les fondateurs, le comte d'Anjou Geoffroy Martel et sa femme, Agnès de Bourgogne, désignent le terroir en quelques mots, selon l'habitude du temps : " ... nous donnons au lieu sacré de Sainte-Marie, dans ce pays de Saintonge, une cour appelée Pont-l'Abbé, avec l'église Saint-Pierre et ses dépendances... " (2).

Le cartulaire de l'abbaye, c'est-à-dire le recueil des principaux actes concernant les biens du couvent, donne quelques renseignements sur une période s'étendant de 1047 aux environs de 1175. On y constate que, vers 1125, Pont-l'Abbé est le siège d'une " obédience ", dirigée par une moniale dite obédiencière, qui est désignée par l'abbesse de Saintes. Les textes ne permettent pas de définir l'obédience mais ils montrent l'obédiencière pourvue de larges délégations de pouvoir. On voit ainsi une " dame Agnès ", agissant en cette qualité, assigner devant sa cour, à Pont-l'Abbé, un prévôt qui a retenu frauduleusement une dîme qu'il était chargé de percevoir, sur des terres cultivées en Baconnais (3). Son autorité s'étend ainsi au-delà de la seule terre de Pont-l'Abbé. La même baille à des particuliers deux salines abandonnées, pour les remettre en état, et elle définit les conditions du bail; la localisation n'est pas indiquée mais les salines se situent certainement hors de la paroisse Saint-Pierre (4). Quand un soldat nommé Pierre Vigier concède une dîme à Champagne, Agnès est concernée : avec l'abbesse, elle remet 260 sous au soldat, en " charité ", comme on dit alors, c'est-à-dire en retour de bon procédé, la somme remise n'étant pas considérée comme représentant la valeur de la chose donnée (5).

Plus tard, l'obédience est appelée prieuré et la moniale qui en est chargée est une prioresse. C'est ainsi qu'en 1170, une certaine Hermengaudis est dite prioresse de Pont-l'Abbé, dans un acte relatif à une terre de la région d'Herpes, où elle figure comme intervenante, en même temps que la prioresse d'Herpes (6). Ce nom de prieuré s'est ensuite conservé, en désignant en particulier l'habitation de la prioresse, accolée à l'église.

Terre d'Église, Pont-l'Abbé fournit des gens d'église à la maison mère. Ainsi, un Jean de Pont-l'Abbé est chapelain dans l'abbaye, au temps d'une abbesse appelée Sibille, entre 1107 et 1131 (7). Un Pierre de Pont-l'Abbé, prêtre, est désigné en 1161, 1164 et 1167 (8). Une moniale est appelée Girbergis de Pont-l'Abbé (9).

En 1150, l'abbesse Agnès de Poitiers, fille du duc d'Aquitaine Guy-Geoffroy, a raconté elle-même, dans une " notice " du cartulaire, en quelles circonstances elle a eu affaire à la brutalité d'un sénéchal, quelques années auparavant, à Pont-l'Abbé : " Moi, Agnès, humble abbesse de Sainte-Marie, j'ai voulu faire connaître à la postérité ce qui est contenu en cette note. Hugues Benoît, seigneur de la Chaume, avait envahi une partie de la terre de la Bienheureuse Marie, à Pont-l'Abbé, de sorte que j'ai porté plainte devant Guillaume de Mauzé, en ce temps-là sénéchal du roi. Lequel Guillaume, au jour assigné à moi et à Hugues, vint à la Chaume et ordonna que je fasse faire la montre de la terre. Alors que mon serviteur Arnaud, surnommé Faraon, faisait la montre, le susdit Guillaume, pris de folie, écarta de moi le susdit Arnaud, me jeta honteusement à terre et m'offensa de cris injurieux. " Elle ajoute que, plus tard, désirant aller à Jérusalem et voulant se racheter, le sénéchal est venu à Saintes, dans le choeur de la Bienheureuse Marie, et là, en présence de Guillaume David, soldat, et de toutes les dames, il a donné le tiers du péage du Gua, donation qu'il a confirmée, à Jérusalem, dans son testament, dans la main de Geoffroy, son fils, alors chanoine de Saint-Pierre. Lequel Geoffroy, de retour de Jérusalem, est venu dans le chapitre de Sainte-Marie où il a renouvelé la concession, en compagnie de sa mère et de ses frères, et a muni l'acte de son sceau. Agnès leur a donné 40 sous, " de charité " (10). L'abbesse, qui devait avoir dans les soixante-dix ans lors de l'incident, a dû en garder un cuisant souvenir. Le serviteur appelé Arnaud Faraon est désigné d'autre part, entre 1153 et 1162; il est dit alors " de Pont-l'Abbé "; à l'article de la mort, il donne des maisons et un jardin, dont les revenus devront servir à illuminer l'autel de l'église abbatiale (11).

Le cartulaire contient aussi un relevé des " coutumes ", c'est-à-dire des redevances, auxquelles sont soumis les habitants du bourg de Pont-l'Abbé. Cet état semble dater du milieu du XIIe siècle. Il n'est pas facile à interpréter, car il est très laconique. Nous suivons l'ordre du texte, même s'il ne semble pas très logique.

Chaque homme de Pont-l'Abbé doit, à Noël, 12 deniers pour une moiée (12) de terre, 6 deniers pour une demie moiée, 3 deniers pour 4 sexterées (13), 2 deniers pour une maison avec jardin, 1 denier pour une maison sans jardin. Cette coutume est appelée fressenage. Les possesseurs de boeufs doivent trois jours de corvée, les conducteurs étant nourris; les possesseurs d'ânes doivent les corvées qui leur sont ordonnées. Le cordonnier (sic) doit chaque année 12 deniers. Un âne chargé de vin doit un (sic) obole. Le devoir de fournage est de 1 pain pour 25. Si des hommes ou des femmes transportent hors du bourg des écheveaux de laine ou des étoffes fabriquées, pour les vendre, ils doivent 1 denier. Un âne chargé de sel doit un obole. A Noël, chacun de ceux qui ont des boeufs doit une charretée bien chargée de bois; ceux qui ont des ânes doivent un charge de bois (14).

On possède des dénombrements, c'est-à-dire des descriptions plus ou moins précises, de la seigneurie de Pont-l'Abbé. En 1472, l'abbesse Jeanne de Villars présente ainsi sa seigneurie, dans un dénombrement rendu au roi :

" De même, notre église de Saint-Pierre et notre ville de Pont-Labbé, en diocèse de Saintonge, avec leurs appartenances, appendances et avec leurs droits, seigneurie et juridiction haute, moyenne et basse, et tous nos hommes et terres, maisons, possessions et devoirs quelconques, et avec le droit que nous prenons dans le péage du dit lieu de Pont-Labbé et le droit que nous avons d'y avoir et tenir foires et marchés, savoir, le marché une fois la semaine, au jour de vendredi, et les dites foires plusieurs fois en l'an, et avec le droit d'y tenir un prévôt en notre nom, avec ses droits de prévôté, et nos sergents par notre dite terre;
et durent et se tiennent nos dites terre et seigneurie de Pont-Labbé, en long, d'une part à la terre de la Chaume, et durent jusqu'aux justices (fourches patibulaires) de la terre de la Chaume (15), et de là s'en va à la forêt de notre dit seigneur appelée de Charnay (16), et de là s'en va à l'Audouinerie, qui meut de la terre de l'Ileau (17). De même elle s'étend jusqu'au moulin de Joset (18) et de là s'en va le long de la ramée de la Faye-Boutirault (19), touchant à la terre de notre dit seigneur et à la terre du prieur des Essarts, et s'étend jusqu'au treuil Valet, qui est assis entre la terre mouvant de la terre de Fontaines (20), et s'étend notre dite seigneurie et terre jusqu'à la garenne de l'Essart (21) qui est en la terre du prieur de Trizay, et d'ici s'étend jusqu'au peyré de Rasou (22), touchant à la terre de feu Baudri Charnatel appelée Chambon (23), et s'étend tout le long de la rivière jusqu'à Violet (24), et de là jusqu'à la terre de la Chaume " (25). Malgré l'imprécision de la délimitation, on constate que la seigneurie de Pont-l'Abbé s'étend sur les paroisses de Saint-Pierre, de Saint-Michel de la Nuelle, de Saint-Sulpice-d'Arnoult en partie et de Sainte-Radegonde, le sud de Saint-Sulpice étant de la seigneurie de l'Ileau.

Les droits des comtes de Poitiers

Bien que Jeanne de Villars considère Pont-l'Abbé comme " sa ville ", les comtes de Poitiers y ont conservé des droits éminents. Ainsi, le 1er janvier 1197, c'est à Pont-l'Abbé que le duc d'Aquitaine et comte de Poitiers Othon, petit-fils d'Aliénor d'Aquitaine et neveu de Richard Coeur de Lion, délivre une charte en faveur du prieur de l'aumônerie de Surgères (26). Ces droits sont attachés au château de Saintes, de sorte qu'en 1233 le comte de la Marche Hugues de Lusignan, qui tient Saintes et sa châtellenie, est en conflit avec l'abbesse, au sujet d'une maison de Pont-l'Abbé. Le sénéchal du comte prétend que la maison est de droit au seigneur de Saintes, qui y loge ses chiens de coutume, mais l'abbesse affirme qu'elle lui appartient. Les parties décident alors de s'en remettre aux déclarations de " prudes hommes " de Pont-l'Abbé et de se soumettre aux conclusions de l'enquête (27). On ignore la suite. En 1242, après sa victoire sur Hugues de Lusignan, le roi Louis IX confisque à ce dernier, entre autres terres, Saintes, sa châtellenie et les appartenances et " tout le droit que le même comte de la Marche avait à Pont-l'Abbé " (28). La châtellenie de Saintes est alors remise à Alfonse, frère du roi et comte de Poitiers. Les comptes de l'administration de ce dernier permettent de constater que la terre d'un certain Jean Renaud, à Pont-l'Abbé, a été confisquée pour forfaiture et que le comte possède le péage (29). D'autre part, une enquête effectuée en 1251, sur les agissements des agents du comte, nous apprend incidemment qu'il y a des juifs à Pont-l'Abbé; un de ces agents a confisqué les chevaux d'un habitant de la Vergne (30), pour les livrer en gage aux juifs (31), toujours prêteurs d'argent, mais non moins régulièrement mis durement à contribution par les autorités.

Le péage de Pont-l'Abbé en 1478

Le péage de Pont-l'Abbé, propriété du comte Alfonse au XIIIe siècle, a été ensuite baillé en fief, dans des conditions et à une date que nous ignorons. En 1478, il est tenu du roi. Le possesseur est Guillaume Turquetil, qui en fait aveu, le 12 juin, devant la cour du sceau du bailliage de Saujon, en même temps que de la seigneurie de la Chaume. Dans cet aveu, Turquetil signale qu'il tient le péage à hommage lige, au devoir d'un gros tournois d'argent du coin de Saint Louis, à chaque mutation de vassal. Cette pièce de monnaie est une des plus belles du Moyen Âge. Elle valait douze deniers tournois. On peut se demander s'il en circulait encore beaucoup, deux siècles après la mort de Saint Louis, ou si les détenteurs du péage devaient s'en procurer au prix fort.

Guillaume Turquetil déclare avoir le droit de placer des receveurs pour percevoir le péage, dans la ville et la terre de Pont-l'Abbé, près des carrefours et des chemins publics traversant la châtellenie. Les pièces de monnaie sont déposées dans des boîtes dont il a les clés. Chaque personne qui conduit des animaux par ladite terre de Pont-l'Abbé, les jours de foire ou de marché ou les autres jours, doit payer quatre deniers par mulet ou mule, par boeuf, vache, taureau, veau ou génisse, par cheval, jument, poulain ou poudre, par âne ou ânesse ; une maille par mouton, bélier ou brebis, par porc ou truie ; un denier par cheval ou jument portant bât, par mulet ou mule portant bât, et autant pour leur chargement. La maille a cessé d'être frappée en 1411 ; elle valait un demi denier ou cinq huitièmes de denier, suivant qu'elle était " bourgeoise " ou " noire ". Les " aveux "  reproduisent généralement les termes des " aveux " antérieurs, pour être jugés conformes par les agents chargés de les vérifier. En l'occurrence, le tarif date et les redevables doivent probablement " arrondir ", s'ils ne disposent pas de mailles.

Les lieux de perception sont le perré qui est entre Pont-l'Abbé et la Chaume, le perré qui est entre le moulin des Alards et les moulins des Guilloteaux, la croix de la Nouvelle (32), le carrefour qui est devant le châtellier qui " fourche " le chemin par lequel l'on va à Saint-Porchaire et le chemin par lequel l'on va à Geay, en passant par Tressauze, le carrefour qui " fourche " le chemin par lequel l'on va à Trizay et le chemin qui va à Violet. Ceux qui entrent en menant bêtes, denrées ou marchandises, en la terre de Pont-l'Abbé, par la voie de Violet ou par la voie de Rasour, par la voie de Beurlay, par le perré de Beurlay ou ailleurs par la voie de Saint-Sulpice ou par d'autres chemins ou lieux de ladite terre et châtellenie de Pont-l'Abbé, doivent payer le péage au receveur, à l'exception des habitants de la Chaume, des villes de Saintes et de Pont-l'Abbé et de la châtellenie de Broue, " qui en sont francs ".

Le possesseur du péage a le droit de poursuivre tous ceux qui ne paient pas le dit péage, le long de la côte et dans le diocèse de Saintes, et d'arrêter et faire retourner bêtes, conducteurs, denrées et marchandises. Il peut lever une amende de 60 sous et 1 denier à son profit, ou garder pour lui les bêtes, denrées et marchandises, à son choix. L'acte est écrit en deux exemplaires, l'un pour " le roi " et l'autre pour lui, signés d'un notaire juré et scellés du sceau aux contrats du bailliage royal de Saujon (33). On a remarqué que Turquetil ne mentionne pas que l'abbesse de Saintes a des droits dans le péage, mais Jeanne de Villars n'a pas manqué de le signaler en 1472.

La Chaume

La Chaume est actuellement un écart important, au sud de l'Arnoult. Au XVIIIe siècle, le nombre des feux de la paroisse a varié entre 33 en 1709 et 50 en 1763. La commune comptait 203 habitants en 1793, 182 en l'an VIII, 144 en 1806, 204 en 1815. Un accroissement sensible portait ensuite le nombre à 235 en 1820, peu avant la suppression (34).

Dédiée à sainte Marie-Madeleine, l'église paroissiale a été donnée à Saint-Romain de Blaye par l'évêque de Saintes Pierre, en 1122. Plusieurs bulles pontificales ont confirmé la possession au couvent blayais, en particulier en 1190 : " l'église Sainte-Marie de la Chaume, son four et ses autres appartenances " (35). Nous ignorons pourquoi cette église saintongeaise a été donnée à un établissement du diocèse de Bordeaux. Toujours est-il que Saint-Romain de Blaye possédait l'église voisine de Saint-André de Champagne depuis 1101.

En 1326, le " recteur de l'église de la Chaume " a contribué pour la somme de 60 sous, lors d'une levée de subsides ordonnée par le pape Jean XXII (36). Dans un pouillé de 1683, la cure de " Saincte Magdeleine de la Chaume " figure avec un revenu de 400 livres, à la présentation de l'abbé de Saint-Romain de Blaye (37).

Nous ne connaissons pas de dénombrement pour la seigneurie de la Chaume. Tout au plus, celui de Jeanne de Villars pour Pont-l'Abbé, présenté ci-dessus, nous montre-t-il que les deux seigneuries étaient contiguës. En 1420, le détenteur du fief est Jean Blosset, grand sénéchal de Normandie, qui obtient alors du roi la permission de reconstruire et de fortifier son " hébergement " (38). En 1478, son successeur est Guillaume Turquetil, écuyer, qui, le 12 juin, avoue tenir, en même temps que le péage de Pont-l'Abbé, " le lieu ou hébergement " de la Chaume et, conjointement, " le fief et seigneurie du Breuil ", dans la paroisse de Saint-Symphorien, au devoir d'une obole d'or à mutation de seigneur, pour les deux fiefs réunis (39). Guillaume Turquetil décède peu après, car sa veuve, Marie de Châteaubardon, fait un aveu identique le 2 mars 1484 (40), suivi d'un dénombrement le 22 mars (41).

Il faut ensuite attendre les premières années du XVIIe siècle pour rencontrer un autre seigneur, en la personne d'Arthus Lecomte, qui est qualifié baron de la Chaume dans un procès avec Pierre Lemoine, sieur de la Massonne, en 1604 (42). Les Lecomte tiennent le fief jusqu'à la fin du XVIIe siècle. On rencontre ainsi successivement : Jean Lecomte, écuyer, en 1621 (43); Arthus Lecomte, chevalier, conseiller du roi et second président en la cour de Bordeaux, captal de la Tresne, baron de la Chaume, mort en 1664 ; Jean Lecomte, captal de La Tresne, baron de La Chaume, Nancras, Champagne..., président à mortier du parlement de Bordeaux, en 1668 (44); Claire de Chambard, veuve de Gilles Lecomte, conseiller au parlement de Toulouse, baronne de la Chaume, des bailliages de Nancras et de Champagne..., le 16 juin 1680 (45).

En 1699, le fief est acquis par Pierre Sarrit, conseiller du roi, qui fait réparer et en partie reconstruire le château (46). Pierre-Henri Sarrit, écuyer, fils du précédent et de Suzanne Larqué, est dit baron de la Chaume lors de son mariage avec Anne-Marie Le Brethon, le 15 juillet 1732. Sa fille, Marie Sarrit, hérite de la Chaume et épouse Jacques Barthélémy Michel, baron de Saint-Dizant, le 8 juillet 1760. Marie-Anne Michel, fille des précédents, épouse, le 18 juillet 1785, Henry de Grailly qui vend le fief au marquis de Lange-Commène en 1797 (47).

Saint-Michel de la Nuelle

Le nombre des feux de la paroisse a oscillé entre 33 et 50, au XVIIIe siècle. La commune comptait 224 habitants en 1820, peu avant son rattachement à Pont-l'Abbé, soit une dizaine de moins que la Chaume à la même date (48). Son nom est souvent écrit, par erreur, Saint-Michel de l'Annuel. La Nuelle est une prononciation de la Nouvelle.

On ignore l'origine de l'église, qui est mentionnée le 12 mai 1167, dans un privilège du pape Alexandre, parmi les possessions de l'abbaye Sainte-Marie de Saintes : " l'église de la Nouvelle [Novella en latin], avec hommes, terres, terrages et ses appartenances " (49). Son cimetière est l'objet d'un litige avec un certain Jean Parage, qui est réglé en 1168, par l'abbesse Agnès (50). Dans le pouillé de 1683 cité plus haut, la cure de " Saint Michel de La Nuelle " est donnée pour un revenu de 300 livres et à la présentation de l'abbesse de Saintes (51). L'église ayant disparu, le souvenir de la paroisse n'est conservé que par le nom du village de Saint-Michel.

Notes

(1) Pont-l'Abbé-d'Arnoult depuis le 2 mars 1962, mais cette addition, inutile dans la région, n'est guère usitée localement.

(2) Cartulaire , n° 1, p. 2.

(3) Ibid., n° 93, p. 82-83.

(4) Ibid., n° 94, p. 83.

(5) Année 1122; ibid., n° 105, p. 89.

(6) Ibid., n° 206, p. 130.

(7) Ibid., n° 205, p. 138.

(8) Ibid., n° 203, p. 128; n° 250 bis, p. 164; n° 128, p. 102.

(9) Ibid., n° 217, p. 148.

(10) Ibid., n° 88, p. 80-81.

(11) Ibid., n° 39, p. 44-45.

(12) La moiée est, en principe, la superficie qu'on peut ensemencer avec un muid de graines.

(13) Superficie correspondant à un setier de semence. La moiée doit donc être l'équivalent de 16 sexterées.

(14) Ibid., n° 100, p. 86.

(15) Les Justices, commune de Pont-l'Abbé.

(16) Petit-Charnay, en limite de Sainte-Gemme.

(17) L'Ileau, commune de Saint-Sulpice-d'Arnoult.

(18) Jeuset, commune de Saint-Sulpice-d'Arnoult.

(19) Dans la paroisse des Essards.

(20) Les Fontaines de Beurlay.

(21) L'Essert, commune de Trizay.

(22) Rasour, commune de Champagne.

(23) Chambon, commune de Trizay.

(24) Le Grand Violet, commune de Sainte-Radegonde.

(25) Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome IV, p. 487-488. Nous avons modernisé le texte, pour en faciliter la compréhension

(26) Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome VI, p. 13.

(27) D. Massiou, Histoire de la Saintonge et de l'Aunis, tome 2, année 1846, p. 273 et note 2, d'après un manuscrit des archives de l'abbaye de Saintes, armoire Marennes.

(28) Georges Thomas, Cartulaire des comtes de la Marche, p. 46.

(29) Archives Historiques du Poitou, tome IV, p. 84 et 147. La terre confisquée rapporte 60 sous par an en 1244.

(30) La Vergne, commune de Sainte-Gemme.

(31) Fournier-Guébin, Enquêtes administratives d'Alfonse de Poitiers, p. 8.

(32) La Nuelle.

(33) Archives Nationales, P. 585, folios lxii verso- lxiiii recto, n° XXXVI.

(34) Paroisses et communes de France, Charente-Maritime, éditions du CNRS, 1985, p. 392.

(35) Jean Cavaignac, " Les possessions de Saint-Romain de Blaye au XIIe siècle ", dans Abbayes et couvents du Blayais, édition des Cahiers du Vitrezais, 1982, p. 32, 33, 36.

(36) Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome XLV, p. 197.

(37) Ibid., p. 259.

(38) Frédéric Chasseboeuf, dans Châteaux, manoirs et logis, la Charente-Maritime, p. 263.

(39) Archives Nationales, P. 585, folio lxiiii-lxv, n° XXXVII.

(40) Archives Nationales, P. 585, folio ccviii verso-ccix recto.

(41) Archives Nationales, P. 585, folio ccviiii recto- ccxiiii recto.

(42) Frédéric Chasseboeuf, dans Châteaux, manoirs et logis, la Charente-Maritime, p. 105.

(43) Ch. Dangibeaud, minutes de notaires, dans Revue de la Saintonge et de l'Aunis, tome XXXVII, 1917-1918, p. 403.

(44) Ibid., p. 404.

(45) Ibid., p. 405.

(46) Frédéric Chasseboeuf, Châteaux, manoirs et logis, p. 263. Dans son " journal ", Michel Reveillaud signale, à la date du samedi 1er octobre 1701, le décès de " mademoiselle Baudouin, femme de l'avocat Sarry de la Chaume ", qui doit être enterrée le lendemain, " aux Jacobins " (Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome XLV, p. 15).

(47) Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome VII, p. 396, note et Frédéric Chasseboeuf, ibid., p. 263.

(48) Paroisses et communes de France, Charente-Maritime, éditions du CNRS, 1985, p. 393.

(49) Cartulaire p. 19, n° X.

(50) Ibid., p. 87, n° CII.

(51) Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome XLV, p. 266.

Publié dans le bulletin de la Société d'archéologie et de sauvegarde du patrimoine cantonal (de Saint-Porchaire), n° 12, année 1995, p. 9-14.