LE PRIEURÉ DE SAINTE-GEMME

des origines à 1731

 

Sommaire

Les origines du prieuré - Les donations des successeurs de Guillaume VIII - Dîmes, rentes, terres, pêcherie - Églises - L'implantation en Marennes - Les relations des moines au quotidien - La discipline et les rapports avec l'abbaye mère - Les possessions du comte de Poitiers à la Vergne - Autres seigneuries dans la paroisse de Sainte-Gemme - La commende - Les prieurs Hardouin de Pérefixe (1648-1670) et Hardouin Fortin de la Hoguette (1671-1713) - Le prieur Guillaume-Augustin de Fournel de Tayac (1713-1767) - Notes sur des prieurés dépendants - Documents

 

L'histoire des communes rurales commence souvent très tard, avec les plus anciens registres paroissiaux conservés et les épaves des minutes de notaires. Celle de Sainte-Gemme remonte au XIe siècle, grâce à un important prieuré conventuel. Non seulement ce prieuré a eu son cartulaire particulier, qui a conservé le souvenir des principales donations faites à l'établissement, mais les relations du couvent avec les puissances locales ont laissé des traces dans quelques fonds d'archives. Ainsi, pendant des siècles, le passé connu de la paroisse est pour une bonne part celui du prieuré.

Ce prieuré est le premier qui a été fondé par l'abbaye de la Chaise-Dieu dans le diocèse de Saintes et le plus important des dix-sept qui dépendaient de l'établissement auvergnat dans ce diocèse (1). Les procurations, ou droits de visite, dues à l'abbaye mère, étaient fixées uniformément à quatre livres par prieuré, mais les gros prieurés payaient plusieurs procurations et Sainte-Gemme en devait cinq (2). Il devait 60 sous au chambrier de l'abbaye, alors que Geay, Thézac et Trizay n'étaient imposés que pour 30 sous (3). Le prieuré de Trizay était le second en importance. Sa seigneurie s'étendait sur la presque totalité de la paroisse, mais ses ressources étaient inférieures à celles de Sainte-Gemme parce qu'il ne s'était pas implanté dans les riches marais côtiers.

Les origines du prieuré

L'établissement a pour origine une donation émanant du comte de Poitiers Guy-Geoffroy, appelé aussi Guillaume, duc d'Aquitaine connu sous le nom de Guillaume VIII (1058-1086). Cette donation est contemporaine de la création par le même prince de l'abbaye de Montierneuf, à Poitiers. Le duc a mené de front deux démarches en faveur de l'Église, mais qui ne sont pas de même inspiration et sont sans commune mesure. Il s'est engagé personnellement dans la fondation de l'abbaye Saint-Jean-l'Evangéliste, dans un faubourg de Poitiers, établissement de prestige qu'il a confié à un prestigieux abbé, Hugues de Cluny (4), en 1076. Par contre, il a confié à l'abbé de la Chaise-Dieu le soin de créer un établissement dans sa forêt de Baconnais, pour mettre en valeur des terres vides d'hommes. Robert de Turlande, fondateur de la Chaise-Dieu, était décédé depuis 1067 (5) quand Guy-Geoffroy a attiré ses disciples en Saintonge, mais le comte espérait que ces derniers se montreraient dignes de la réputation de leur maître, connu comme fondateur de nombreux prieurés ruraux, dans des terres plus ou moins hostiles à l'homme.

Aux environs de 1075, une vaste forêt, dite de Baconnais, s'étend sur le territoire des communes de Saint-Sulpice-d'Arnoult, Sainte-Gemme, Sablonceaux, Nancras et Saint-Romain-de-Benet, entre Saintes et l'île d'Oléron. Elle dépend du château comtal de Saintes. Il n'est pas facile de se représenter son état, mais ce n'est pas prendre grand risque de l'imaginer largement entamée, certaines parties étant dégradées au stade de la lande. Les défrichements apparaissent d'ailleurs en bonne voie en 1047, lors de la fondation de l'abbaye Sainte-Marie de Saintes : l'acte rédigé à cette occasion y mentionne les églises de Saint-Sulpice et de Nancras.

L'installation de Robert de Turlande et de deux compagnons au lieu qui allait devenir la Chaise-Dieu est généralement fixée à l'année 1043, d'après une " tradition " recueillie par les moines, aucun acte officiel ne nous étant parvenu. Pour Sainte-Gemme, nous possédons la charte de donation, mais celle-ci n'est pas datée. Gaussin, auteur d'une thèse sur la Chaise-Dieu, avance la date de 1074, sans référence. Une notice rédigée à Sainte-Gemme vers la fin du XIIe siècle fixe à 1079 l'envoi, par l'abbé Durand, de trois religieux appelés Artaud, Theodard et Robert, respectivement avec les titres de prieur, précepteur et maître, et reclus (6). Or Durand a abandonné l'abbatiat en 1078 (7); de plus elle situe la mort de Robert en 1074, au lieu de 1067. La donation étant expressément faite en faveur de l'abbé Durand, et le fils de Guy-Geoffroy étant désigné dans l'acte, celui-ci se place entre 1071 et 1078. D'autre part, le prieur Artaud est repéré en 1084 et Theodard est désigné dans plusieurs textes, jusqu'en 1098.

Si les moines qui ont pris possession du " lieu de Sainte-Gemme " venaient des hauteurs froides du Livradois, ils ont dû se sentir dans un milieu plus clément en Saintonge maritime, où les gelées sont rares, où l'ensoleillement est comparable à celui de contrées nettement plus méridionales et où croissent l'yeuse, le tausin et l'érable de Montpellier. De plus, ils n'arrivaient pas dans un désert humain. Le nom même de Sainte-Gemme suggère l'existence d'une église ou chapelle et l'acte de donation mentionne des " terres labourables " à l'entour. Il s'agissait donc d'une clairière cultivée. On ignore cependant l'importance de cette clairière et on ne sait pas si Guy-Geoffroy a donné en même temps des colons. Toujours est-il que les moines ont reçu l'autorisation de prélever du bois dans la forêt voisine, pour leurs constructions et leur chauffage, et d'y faire paître leurs animaux, sans être assujettis aux redevances habituelles.

Les donations des successeurs de Guillaume VIII

Les successeurs du fondateur, son fils Guillaume IX (1086-1126), son petit-fils Guillaume X (1126-1137) et son arrière-petite-fille Aliénor d'Aquitaine (1137-1204) poursuivent son oeuvre, en accroissant le domaine de la Chaise-Dieu dans la paroisse. En 1091, le premier concède " une terre appelée Faut ", délimitée par une Vallis Fera (8), Charnay et l'Oumède. De ces quatre noms, seul le troisième demeure en usage. Il permet de situer la " terre " dans le nord de la commune de Sainte-Gemme. Cette terre comporte des marais et des rivières (9) " pour construire des moulins ou faire des viviers ". Peu après, avant 1098, le duc renouvelle sa donation. La " terre " est alors présentée comme délimitée d'une part par des croix de pierre, d'autre par la Vallis Fera de l'acte précédent, qui est dite boisée, avec une carrière et une " eau " apte à recevoir des viviers. L'acte est suivi, dans le cartulaire, d'une curieuse notice relatant une conversation entre le donateur et les moines, qui a dû être ajoutée au parchemin, pour mémoire. S'adressant au " seigneur Theodard " et à un autre moine, nommé Arnaud, Guillaume IX les presse de mettre le terroir en valeur en y installant des colons. On perçoit ainsi la raison de cette seconde donation : la terre est demeurée en l'état. Les frères déclarent redouter les tracasseries des prévôts s'ils attirent à eux des colons du duc, et celles des gardiens de la forêt s'ils prélèvent du bois pour construire. Ces craintes ne sont d'ailleurs probablement pas vaines, les exemples de démêlés d'ecclésiastiques pourvus de privilèges, avec des agents comtaux, n'étant pas rares. Toujours est-il que le comte accorde aux moines le droit de recevoir des hommes de sa terre et leur promet de régler personnellement tout conflit qui pourrait survenir avec ses agents. Nous ignorons cependant si cette promesse a déterminé Theodard et Arnaud à construire des moulins et aménager des viviers.

Guillaume X poursuit l'oeuvre de ses prédécesseurs en donnant " la terre qui est appelée l'Oumède, avec les eaux et les rivières adjacentes, ainsi que l'a montrée Garnier de Montmorillon, prieur de ce lieu ". Cette terre, qui a été présentée en 1091 comme une des limites de celle de Faut, devait se situer entre cette dernière et la clairière de l'église. Nous n'avons pas d'autre précision, mais l'acte signale que le duc a " confirmé ce don dans l'église de Sainte-Gemme, le jour de la Circoncision du Seigneur, en posant le livre des évangiles sur l'autel ", en présence de son oncle Hugues, du prieur Garnier, des moines Benoît Robert et Pierre Bernard, et du chapelain de Pont-l'Abbé, nommé Jean, qui a rédigé et écrit la charte.

Enfin, en 1146, le roi Louis VII et son épouse Aliénor concèdent un bois situé " entre la terre de Sainte-Gemme et la terre de Faut ". Les trois " terres " et le bois semblent être les seules possessions que les frères de la Chaise-Dieu ont obtenues des ducs dans la grande paroisse de Sainte-Gemme. Faute d'aveu et dénombrement, il est impossible de localiser ces terroirs avec quelque précision, et on ignore s'il y a eu d'autres acquisitions. On peut néanmoins signaler qu'un " fief de la Recolère " est désigné en confrontation de la seigneurie de Blénac, en 1484, comme appartenant au prieuré (10) et que l'abbesse de Saintes Jeanne de Villars mentionne la seigneurie du prieuré comme contiguë à sa seigneurie de Corme-Royal, entre Balanzac et la seigneurie de l'Ileau, en 1472 (11).

D'autre part, nous n'avons aucun indice sur la mise en valeur de ces sols, probablement en partie ingrats, dont certains sont demeurés en " brandes " jusqu'à nos jours. En 1141, dans un acte de confirmation des donations de ses prédécesseurs, Louis VII appelait " landes de Faut " la " terre de Faut " de ces donations.

Dîmes, rentes, terres, pêcherie

Parallèlement, les moines de Sainte-Gemme reçoivent des dîmes. Avant la fin du XIe siècle, c'est celle de l'île d'Hiers, donnée par un comte et Hugues de Doué, en même temps que l'église du lieu et une terre. Vers 1100, ce sont celles de la " terre neuve "  et de la " vieille terre " (12), concédées par Guillaume Freeland, prince de Blaye; les revenus doivent être d'importance parce que les moines lui donnent 500 sous, lors de l'investiture. Presque en même temps, la comtesse de Poitiers, de passage à Champagne, concède au prieur Garnier la dîme d'une terre qu'un de ses prévôts a donnée à défricher dans la forêt de Baconnais, à Saint-Sulpice; sa concession est ensuite confirmée par le comte, à Sainte-Gemme même, en présence du prieur Rainon et des moines. Aux dîmes s'ajoutent des rentes, comme celle donnée par Girard, prince de Blaye, et confirmée par son fils, le troubadour Jaufré Rudel (13) : un setier de froment, un setier de méture et deux muids de vin.

Parmi les biens fonciers, le cartulaire signale un domaine nommé la Craventière, dans la paroisse de Saint-Jean-d'Angle, concédé par la femme d'un nommé Geoffroy de Cravens, appelée Mote, et ses filles Aideline et Agnès. Un duc d'Aquitaine inconnu introduit les frères en Marennes; en effet, dans l'acte de confirmation des dons de ses prédécesseurs, le roi Louis VII mentionne, en 1141, " la terre du Breuil (14) avec maison et bois et vignes et moulins ". Dans le même acte figure, sans autre précision, une possession indéterminée en " Oléron ", qui est peut-être à l'origine d'un prieuré de Sainte-Gemme, dans la paroisse Saint-Pierre (15).

Les moines obtiennent des concessions jusqu'en pays d'Arvert; ainsi, la dame du château de Mornac, Audeard, leur accorde la nourriture gratuite pour leurs porcs dans son bois de Salis. D'autre part, le prieuré a acquis une pêcherie à Saintes, pour laquelle il paie annuellement cinq sous, monnaie d'Angoulême, à la saint André; en cas de retard, il est passible d'une amende d'une grosse anguille.

Églises

Dès 1084, peu après la fondation, le premier prieur, Artaud, et les moines Pierre et Geraud reçoivent de Robert de Pons et de sa femme Élisabeth l'église Sainte-Marie et Saint-Macou de Thézac, afin d'y fonder une " celle " de deux moines et un prieur, qui devront payer chaque année trente sous à l'abbaye de la Chaise-Dieu (16). Saint-Hilaire d'Hiers, reçue en même temps que la dîme de l'île, leur est disputée par les moines de Cluny installés dans l'île d'Aix, mais la possession leur en est confirmée par l'évêque Pierre de Soubise, vers 1110.

Avant 1125, un évêque Pierre (17) donne l'église Saint-Pierre de Dercie au prieur Bernard Delmas. La concession est confirmée au prieur Garnier par l'évêque Guillaume, entre 1127 et 1139. Le même évêque attribue aux moines de Sainte-Gemme l'église de Saint-Fort (sur Gironde), en échange de celle de Saint-Romain-de-Benet qu'ils réclamaient contre l'abbaye de Sablonceaux. En 1136, la décision épiscopale est confirmée par le pape Innocent II.

L'implantation en Marennes

Cependant, ce sont des acquisitions faites en Marennes qui feront la richesse du prieuré, en particulier dans les vastes marais de la rive droite de la Seudre aptes à l'édification de salines et de moulins. Dès avant 1086, un forestier nommé Gautier avait concédé tout ce qu'il possédait à Salles, le principal bourg du pays de Marennes et, nous l'avons vu, un comte leur a délaissé une maison avec des terres au Breuil. Mais la donation capitale est effectuée en 1098, par Guillaume IX. Le prince donne alors au prieur Garnier de Montmorillon et au moine Theodard, " de toute la terre maritime qui est située entre l'étier de Chalon, sous le bourg du Gua, et l'étier de Lombaze, sous l'église appelée à Salles, la moitié des revenus et de la seigneurie " et "ce qu'ils travailleraient pour leur propre usage ou posséderaient, où ils voudraient, dans le marais qui va du Gua jusqu'au Chapus ". La donation est faite à titre gratuit, exempte de toute redevance. L'acte est rédigé en présence du prévôt de Saintes, Robert Vigier, chargé de la gestion du domaine ducal dans le secteur. Il est confirmé par la remise symbolique d'un rameau aux moines.

L'emprise sur les marais s'accroît vers 1170, en des circonstances inattendues. Le châtelain de Broue, Rainaud de Doué, est redevable envers les moines de la somme de 1 000 sous, qu'il est incapable de rembourser. Sur jugement de la duchesse reine Aliénor, prononcé à Saint-Jean-d'Angély, Rainaud est contraint de donner au prieuré l'équivalent en terres et en revenus. Il cède alors " tout le marais, de l'Épine jusqu'à Nancras, pour édifier des moulins, faire des salines ou des enclos, etc. ", et en plus, " la dîme du Breuil et la terre et les vignes du fief du veneur ".

Cependant, la complexité et l'imbrication des droits dans la péninsule engendre des conflits. C'est ainsi que le prieur Giraud de la Roche et, avec lui, le seigneur de Broue, les prévôts du roi dans le marais et le prévôt du seigneur de Broue, conteste à la prioresse de Marennes pour l'abbaye Sainte-Marie de Saintes le droit d'établir une clôture dans un marais dit de Trasmar (18). D'autre part, un conflit surgit entre les moines de Sainte-Gemme et les frères de Grandmont installés à la Garde, en Arvert, au sujet d'un marais appelé de Soloire, possédé par les frères mais dont les moines prétendent avoir le terrage. L'affaire est réglée par l'évêque Pons, en 1219 : les moines abandonnent leurs prétentions mais les frères devront leur payer chaque année huit boisseaux d'avoine à la mesure de Marennes, à Luzac, le jour de la saint Vivien. Si, le jour prescrit, les frères négligeaient de payer aux moines ou à leur représentant, ils devraient un boisseau de plus. L'acte est scellé du sceau des moines, à Sablonceaux (19).

Aux XIIIe et XIVe siècles, le prieuré accroît encore son emprise dans cette région, surtout grâce aux seigneurs de Broue. De 1245 à 1257, Geoffroy de Doué donne un moulin dit de Calat, tous ses droits dans les fiefs de Maurevaud et des Maynards, situés en Marennes, trois autres fiefs situés également en Marennes, la chapelle de Broue, avec tous ses droits, tant en terre douce que salée, plusieurs droits en la paroisse de Saint-Symphorien, en terres douces et salées, et le droit qui lui appartenait en la terre du Brandoux, dans la paroisse de Saint-Just (20).

En juillet 1279, c'est la dame de Chessou, Ainor, qui donne " la terre d'Arthouan ". Ensuite, de 1282 à 1295, Guiard de Rochefort, seigneur de Broue, délaisse plusieurs marais salants sur le chenal de l'Épine et d'autres aux environs, puis " quelques héritages situés dans la terre de Montélin ". Enfin il confirme la donation du port de l'Épine et des salines sises entre celles d'un nommé Constantin et Nancras, à la réservation toutefois de la haute justice (21).

En 1312, le prieur réalise une importante acquisition : il achète à Jean Ogier la prévôté inféodée de la rivière de Seudre, qui s'étend de Saint-Laurent du Gua au Chapus. Il doit débourser la somme de 120 livres (22), mais il devient ainsi un des plus importants partprenants dans les revenus seigneuriaux du marais.

Quelques textes des XIVe et XVe siècles montrent le prieur dans l'exercice de sa seigneurie. En 1335, 1456 et 1462, on le voit bailler à rente des marais et sartières dans la rivière de Seudre, à la redevance de la dixième partie des fruits, payable au receveur de la " boîte commune de ladite rivière " (23). Il existe en effet une recette commune aux différents ayants droit dans les marais. Le 10 février 1469, le prieur Louis de la Fayette et les religieux assemblés en chapitre, frère Jean Patraud, secrétaire, Jean Laurens, prieur de Faveau, Guillaume de Roussac, prieur de Saint-Léonard de Pisany, Arnaud Sillet, religieux, concèdent à un marchand de Marennes deux quartiers et demi de jeune vigne, dans la paroisse de Marennes et la juridiction de l'abbesse de Saintes, pour 10 sous de rente annuelle et perpétuelle à payer au Breuil de Marennes, à chaque fête de la Circoncision, plus un douzième des fruits pour droit de dîme (24). Le 27 mars 1470, le même prieur cède à plusieurs personnes " certains quartiers gâtés et ruinés en la rivière de Seudre ", " pour convertir en prés ou pâturages lesdites sartières ", moyennant une rente de cinq sols tournois par an à la Circoncision, payable aux moines et à leurs parsonniers, en la recette commune de la rivière de Seudre, avec le droit d'y faire toutes sortes de pêcheries et de tendre pour prendre des oiseaux, les cédants ne retenant que les droits de justice (25). Un vidimus daté de 1460 nous apprend d'autre part que les religieux ont baillé à rente à Arnaud Gombaud, écuyer, seigneur de la Gombaudière, 13 livres de marais " déserts ", en Arthouan, à la seule charge de la dîme (26).

Certains textes mettent en évidence la comparsonnerie avec les seigneurs de Broue ou avec les abbesses de Saintes. Ainsi, en 1367, le seigneur de Broue anoblit vingt-deux livres dans le grand marais de l'Achenau, au devoir d'une cuillère d'argent pesant une once (27); l'année suivante, le prieur, qui partage la seigneurie avec lui, procède à l'anoblissement des mêmes vingt-deux livres, au devoir de cinq sols (28). En 1472, l'abbesse de Saintes signale qu'elle " prend la moitié de la coutume qui se lève au port de Chalon ", laquelle moitié elle partage avec le prieur de Sainte-Gemme (29). En 1593, Jacob Affaneur, sieur de la Jarrie, commandant pour le service du roi au château de Mortagne, achète cinq livres de marais salants en la prise de Lislot, sur le chenal de Bugée, dans la paroisse Saint-Sornin de Marennes. Ces cinq livres sont tenues du prieur de Sainte-Gemme et de l'abbesse de Saintes (30). Ces comparsonneries sont à l'origine de quelques litiges, qui se terminent généralement par des transactions. Ainsi, en est-il en 1393, d'un différend avec Renaud de Pons (31).

Les relations des moines au quotidien

Les cloîtriers sont de temps à autre distraits de la monotonie des exercices réguliers par la visite d'un voyageur porteur d'un faire-part de décès. En effet, un usage veut que les communautés religieuses communiquent à un grand nombre d'églises, en particulier aux communautés avec lesquelles elles sont en rapport, les décès de leurs membres éminents et de leurs bienfaiteurs. Chaque décès est mentionné en tête d'un rouleau de parchemin, avec biographie de la personne disparue et demande de prières. Un membre de la communauté en deuil porte ensuite le rouleau d'établissement en établissement et chaque communauté y consigne un accusé de réception, une promesse de prières pour le disparu et une demande de prières pour ses propres défunts. C'est ainsi qu'un envoyé de l'abbaye de Silvacane présente aux moines de Sainte-Gemme le " rouleau " de Bertrand de Baux, mort le 5 avril 1181(32). C'est ainsi que, le 16 juillet 1240, un envoyé de l'abbaye de Solignac est à Sainte-Gemme, dans des circonstance analogues; le prieuré est alors dit " de Sainte-Gemme de Baconnais " (33).

Au milieu du XIIIe siècle, on peut observer les relations des moines avec les agents du comte de Poitiers Alfonse, dont les archives ont été en partie conservées. Ainsi, en 1251, des enquêteurs envoyés par le comte sont dans la région, pour recueillir des témoignages sur d'éventuelles exactions du sénéchal et de ses subordonnés. Sollicité parmi d'autres, le prieur, qui n'est pas nommé, signale que le bailli de la Rochelle a fait couper trois cents charretées de bois ou plus, dans la forêt de Baconnais, et que, pour transporter ce bois au port de Broue, il a réquisitionné aux environs, pendant au moins huit jours, cinquante attelages (34) ou plus, parmi lesquels les siens propres. Dans le port ont ainsi été chargés un grand navire et deux petits, à destination de la Rochelle. Quand un certain Guillaume Foucaud a pris en mains la baillie de Saintes, il a tourmenté le prieur jusqu'à ce que ce dernier lui donne 10 livres. Quand le prieur a voulu refaire ses moulins de Mornac, avec du merrain pris dans la forêt, ses attelages qui transportaient le bois ont été arrêtés et retenus pendant une huitaine. Il s'est alors adressé au sénéchal qui a consenti à la libération des attelages contre le versement de cent sous; de plus il a dû donner au bailli une coupe d'argent de la même valeur. Il a pu ainsi prélever du merrain pendant une quinzaine de jours, au terme desquels le bailli lui a interdit de poursuivre. Nouvelle démarche auprès du sénéchal et nouveaux paiements : cent sous au sénéchal et cinquante au bailli; à la suite de quoi il a pu terminer la réfection de ses moulins. Le même bailli a fait couper du merrain, dans la forêt de Baconnais, par deux charpentiers qui y sont demeurés pendant trente jours, mangeant et buvant quotidiennement dans la maison du prieur. Ensuite le merrain a été transporté à Saintes, avec les attelages du prieur, pendant trois jours. De plus, Guillaume Martin, sergent de la baillie, s'est servi aussi des attelages pour transporter du merrain à sa maison.

Lors de la même enquête, plusieurs moines sont cités comme témoins. Guillaume Aimeri confirme la déposition du prieur, en précisant qu'il a lui-même remis au bailli la coupe d'argent, par mandat de son maître. Jean de Malicorne et Raymond le Gros confirment tout mais n'ajoutent rien (35). Cependant, le sergent de la forêt qui a procédé aux arrestations de merrain donne une version quelque peu différente au sujet des moulins du prieur. Il dit qu'il s'agit de deux moulins de mer, édifiés " en des lieux où il n'y avait jamais eu de moulins ", et il estime à deux cents livres la valeur du merrain prélevé (36). Quant à un certain maître Jean Villain, il précise les conditions dans lesquelles le prieur a été taxé par le bailli Guillaume Foucaud. Quand ce dernier est entré en charge, il a exigé dix livres parce que les boeufs du prieuré avaient été pris dans la forêt. Plus tard, la coupe d'argent remise au même Guillaume Foucaud représentait le paiement d'une amende, parce que les chèvres du prieur avaient été surprises dans de jeunes taillis par un sergent et que des gens armés du prieur avaient pourchassé le sergent dans la forêt (37). En effet, Guy-Geoffroy avait bien accordé aux moines le droit de nourrir gratuitement leurs animaux dans la forêt, mais il n'avait pas nommé les chèvres, très généralement exclues du droit de " pasquier " parce que renommées pour être particulièrement déprédatrices. En tout cas, aucun propriétaire de bois ou de forêt ne tolérait l'introduction de l'engeance dans les coupes récentes, et encore moins des voies de fait à l'encontre des gardes.

Quoi qu'il en soit des divergences des déclarations, l'enquête met en évidence l'intérêt, pour le prieuré, de ses droits et possessions dans les marais de Seudre. Le prieur n'est d'ailleurs pas le seul à construire. Dans le même temps, l'abbé de Sablonceaux édifie lui aussi deux moulins de mer et le seigneur de Montsamson fait de même, près de sa " maison ". L'ensemble représente un prélèvement d'une valeur de cinq cents livres (38).

La discipline et les rapports avec l'abbaye mère

On possède d'autre part quelques aperçus sur le quotidien au prieuré et les relations avec l'abbaye, grâce aux statuts établis en chapitre général, à la Chaise-Dieu, ou à des règlements disciplinaires propres aux dépendances. Ainsi, en 1249, l'abbé Bertrand de Paulhac doit promulguer un règlement pour Sainte-Gemme, car la discipline est relâchée. Les moines n'observent plus le silence dans les lieux réguliers, même dans l'oratoire. Ils sortent du cloître sans autorisation, fréquentent les châteaux d'alentour, enfreignent les prescriptions alimentaires. Pour augmenter leurs revenus particuliers, ils ne remplacent pas les religieux disparus. L'abbé ordonne alors au prieur d'entretenir vingt cloîtriers, selon la coutume (39). Il défend aux moines de manger gras lors des repas pris dans les dépendances du prieuré, leur impose de consommer un peu plus de compotes et un peu moins de moules, celles-ci pas plus de deux fois par semaine, de la Sainte-Gemme à la Saint-André (40).

Au chapitre général de 1302, l'abbé Aymon de la Queuille doit faire face à une véritable conjuration contre le pouvoir discrétionnaire que lui confère la règle de Saint-Benoît. Jusqu'au début du XIVe siècle, en effet, ce chapitre n'a qu'un rôle de conseil, les abbés décidant souverainement, en suivant la règle à la lettre : " Toutes les fois qu'un acte important doit s'accomplir, que l'abbé convoque tous ses frères et qu'après avoir entendu leur avis, il fasse ce qu'il juge convenable... Que toute chose dépende de l'abbé et que tous obéissent à ce qu'il a jugé salutaire ". Jusque là, notamment, il fixait à sa discrétion les contributions des maisons dépendantes aux charges de l'abbaye. L'attaque est menée par deux prieurs forains, celui de Trizay en Saintonge, Bertrand, docteur en droit canon, et celui de Saint-Cyr de Lucques, Pons. De nouveaux statuts sont alors élaborés, qui sont approuvés par le pape en février 1303. Désormais, avant d'augmenter les redevances des prieurés, l'abbé devra consulter un conseil composé de quatre religieux de l'abbaye mère et de six prieurs représentant les différentes régions, parmi lesquels celui de Sainte-Gemme ou, à défaut, celui de Trizay (41).

L'abbé Jean Chandorat publie de nouveaux statuts, qui sont approuvés par le chapitre général en 1338 (42). Deux articles concernent le prieuré de Sainte-Gemme. D'après l'article 33, le prieur est un des rares qui peuvent recevoir à la profession monastique; d'après l'article 43, sa suite est limitée à cinq chevaux, ce qui, il faut l'avouer, est fort convenable. De plus, il est un de ceux qui ont droit au bâton pastoral. En ce XIVe siècle, il gouverne une maison qui comprend un sous-prieur, un sacristain et dix-huit cloîtriers (43), ce qui représente vingt et une personnes. Il a son " logement " réservé, dans l'abbaye (44).

Parmi les prieurs, Jacques de Saint-Nectaire mérite une mention spéciale. Il naît en 1461, entre à la Chaise-Dieu en 1473, à l'âge de douze ans. Devenu profès et prêtre, il est d'abord prieur de Saint-Pantaléon, en Limousin. En 1483, il résigne sa charge pour le prieuré de Sainte-Gemme, qu'il quitte en 1491; en effet, le 11 mars 1491, il est élu abbé de la Chaise-Dieu. Il se distingue alors par son goût pour les arts et sa munificence, attirant les plus habiles ouvriers de France, d'Italie et de Flandre, pour leur faire exécuter d'importants travaux dans l'abbaye (45). Il ne néglige pas pour autant son ancien prieuré de Sainte-Gemme. Dès 1492, il visite la maison et y prend des mesures réformatrices. Les religieux, qui n'apprécient guère, pensent en appeler au chapitre général, mais, certains d'être condamnés, ils se désistent de leur recours, en 1494, devant notaire, dans la sacristie du prieuré (46). En effet, le sacriste, Gabriel Sicard, a été désigné comme procureur par l'abbé. Sont présents Guillaume Girard, prieur de Faveau, Jean de la Ronze, prieur de Saint-Thomas de Montélin, François Fournier, prieur de Rioux, Marcelin Champion, prieur de Saint-Léonard de Pisany (47). Jacques de Saint-Nectaire décède le 24 octobre 1518. C'est le dernier abbé élu; après lui, ce sont des abbés " commendataires ", nommés sur proposition du roi. La décadence est proche.

Les possessions du comte de Poitiers à la Vergne

En août 1242, " au camp devant Pons ", le roi Louis IX fait savoir à la postérité qu'il retient pour lui et son frère Alfonse, comte de Poitiers, les conquêtes qu'il vient d'effectuer sur le comte de la Marche Hugues X de Lusignan, à commencer par la ville de Saintes, sa châtellenie et ses appartenances, la forêt et la maison de la Vergne (48). La forêt est celle de Baconnais, la grande forêt de la châtellenie; la Vergne est le village du même nom, dans la commune de Sainte-Gemme.

La " maison de la Vergne  " est le centre d'exploitation et de surveillance de la forêt. Elle possède une prison, où l'on enferme les voleurs de bois, et des greniers, où s'entassent les redevances en nature, en particulier les blés, des " hôtes " installés dans des parties défrichées. Un moulin et des vignes en dépendent. Le comte y entretient un chapelain et, aussi, un châtelain, qui est parfois désigné comme enquêteur, par exemple, avec celui de Saintes, pour délimiter une brousse et une friche dépendant du manoir de Blénac, en contact avec la forêt de Grondin (49). Cette " maison " doit être un lieu fortifié; la motte connue localement sous le nom de " vieux château ", au nord du village de la Vergne, semble en représenter les vestiges (50).

Autres seigneuries dans la paroisse de Sainte-Gemme

Outre les environs de la Vergne, des parties de la paroisse échappent à l'autorité du prieur. Le Mur est à l'abbaye de Sablonceaux : en 1197, le duc d'Aquitaine Othon, dans un acte de confirmation des donations de ses prédécesseurs à cette abbaye, mentionne " le bois qui est dit Lemeu, avec son entourage de prés et de marais, délimité par la forêt et la voie qui conduit de Balanzac au pré de Sainte-Gemme " (51).

Au nord, la forêt de Charnay est du domaine royal : en 1472, l'abbesse de Saintes mentionne, parmi les limites de sa seigneurie de Pont-l'Abbé, " la fourest de nostre dict seigneur appelée de Charnay " (52). La même forêt figure dans un rôle de bail des fermes ordinaires de la châtellenie de Saintes, en 1480 (53).

Dans la partie sud s'étend la seigneurie de Cadeuil, qui relève du roi. A l'est de cette dernière, entre Chez Barra au nord et Montélin au sud, la seigneurie de Montélin est partagée entre le seigneur de Broue, qui possède la partie méridionale où se trouvent les Pages et la forteresse de Montélin, et le prieur de Sainte-Gemme, qui tient la partie nord, avec le prieuré de Saint-Thomas. Une notice du XIIe siècle du cartulaire de Sainte-Marie de Saintes signale que l'abbaye a édifié " l'église de Montélin " - c'est-à-dire de Saint-Thomas -, dans sa paroisse du Gua, mais que cette église lui a été enlevée par Rainaud de Doué, le châtelain de Broue (54). Nous ignorons en quelles circonstances elle a été donnée à Sainte-Gemme, qui y a fondé un prieuré. Toujours est-il qu'en 1692, le prieur commendataire de Saint-Thomas est en même temps prieur de Faveau et prévôt de Saint-Eutrope de Saintes. Il réside à Saintes, au prieuré, dans un appartement réservé au prévôt. Il déclare percevoir toutes les dîmes dans toute l'étendue de la seigneurie de Montélin et les revenus de la part de seigneurie qui " relève de la seigneurie de Sainte-Gemme " (55).

A l'est de la seigneurie de Montélin, la petite seigneurie de Magné échappe totalement au contrôle du prieur de Sainte-Gemme. L'église Saint-Pierre est le siège d'un prieuré dépendant de l'Artige, en Limousin. On ignore l'origine de cette situation. On connaît un acte du prieur daté du 26 mars 1269, par lequel ce dernier déclare donner au comte de Poitiers Alfonse quarante livres de tournois, à titre de droits d'amortissement, ainsi que pour la concession de " dix ménils dans sa forêt de Baconnais ", " situés d'une part près des ménils de Puits Aveugle et d'autre part près du lieu appelé vulgairement la Corraut de Gorbellons " (56). En 1397, le prieur se nomme Etienne Massiot (57).

La commende

Nous n'avons trouvé que peu de renseignements sur le prieuré après le Concordat de 1516, qui a sonné le glas de la régularité dans l'abbaye mère. A partir de cette date, la dévolution des bénéfices ecclésiastiques est à la discrétion du roi, qui les utilise pour rémunérer des services ou procurer des pensions aux courtisans. La commende et le cumul se généralisent ; les offices sont octroyés à des personnes qui ne présentent pas les qualifications requises et la même personne se voit offrir ou peut convoiter plusieurs bénéfices. Ainsi, les abbés ou prieurs commendataires gèrent de loin les établissements, trop souvent à leur avantage personnel, laissant les quelques religieux réguliers qui résident se débattre dans les plus grandes difficultés pour assurer leur service, dans des édifices mal entretenus, voire en partie ruinés. Sainte-Gemme ne fait pas exception.

André Baudrit a signalé Dominique Desclaux, docteur en théologie, en 1632 (58). A une date indéterminée, le même prieur commendataire est en conflit avec Jean Affaneur, écuyer, sieur de Conteneuil, paroisse d'Arces, gentilhomme ordinaire du duc d'Orléans, frère du roi (59). A partir de 1648, et jusqu'en 1767, on identifie trois prieurs commendataires apparentés qui se succèdent.

Les prieurs Hardouin de Pérefixe (1648-1670) et Hardouin Fortin de la Hoguette (1671-1713)

Hardouin de Pérefixe est installé simultanément dans le prieuré de Sainte-Gemme et l'abbaye de Sablonceaux, en 1648. Évêque de Rodez, il envoie à Sablonceaux son beau-frère, Philippe Fortin de la Hoguette, mari de sa soeur Louise. Ce dernier est censé protéger l'abbaye des attaques des soldats, mais, dès 1652, il est l'objet de vifs reproches des religieux, notamment parce qu'il ne leur paie que parcimonieusement et en retard les émoluments qu'il leur doit (60). Pérefixe décède archevêque de Paris, le 31 décembre 1670, non sans avoir résigné, pour ses deux bénéfices saintongeais, en faveur de son neveu, Hardouin Fortin de la Hoguette, fils de Philippe, docteur en Sorbonne et archevêque de Sens.

En 1690, le chambrier est Pierre Salmon, qui est en même temps sacriste de Montierneuf, en Saint-Agnant (61). Le 29 novembre 1696, il est remplacé par François Bertrand, religieux profès de Saint-Benoît, qui dit demeurer au prieuré; ce dernier rédige alors un pouvoir, en vue de résigner son office entre les mains du pape, en faveur de Jean Lévesque, clerc tonsuré du diocèse de Saintes (62). On rencontre en effet Jean Lévesque comme chambrier, le 30 mai 1713, souscrivant l'acte d'inhumation, dans l'église de Sainte-Gemme, de Marie-Charlotte de Calvimont, âgée de trois ans, fille de Gabriel de Calvimont (63).

Un témoignage de l'an 1714 met en évidence, en quelques mots, la qualité de l'administration des deux Hardouin. Il émane d'un savant de la congrégation de Saint-Maur, dom Jacques Boyer, qui a été chargé d'explorer les archives des établissements ecclésiastiques et des châteaux, pour la préparation du tome II de la Gallia Christiana. Le 20 avril 1714, dom Boyer, qui a passé la nuit à Sablonceaux, visite Sainte-Gemme. Il note alors dans son journal : " Je trouvai fort peu de titres à Sablonceaux. Ils sont presque tous au château de la Hoguette, de même que ceux du prieuré de Sainte-Gemme. M. de Sens (64) et son oncle, M. de Pérefixe, archevêque de Paris, ont tenu longtemps ces deux bénéfices sans y faire aucune réparation... Après dîner, je fus avec le P. La Brousse de Bosfranc, sous-prieur de Sablonceaux, à Sainte-Gemme, où il n'y a que deux moines dépendants de la Chaise-Dieu. M. de Tayac est commendataire de ce prieuré, qui lui vaut dix mille francs, charges faites. Il est le neveu de M. de la Hoguette, archevêque de Sens, qui lui a résigné ce bénéfice. L'église était auguste, les ruines tirent les larmes des yeux. Le cloître subsiste encore. Il y a une chapelle souterraine bien voûtée, où il y a un autel, et autour de la chapelle cinq ou six beaux sépulcres de pierre remplis d'ossements. Sainte-Gemme n'est qu'à une lieue de Sablonceaux où je fus recoucher " (65).

Sur les 10 000 francs de son revenu, Hardouin Fortin de la Hoguette prélève 360 livres pour la portion congrue du vicaire perpétuel. C'est ce que nous apprend la déclaration d'un vicaire, Claude Dufour d'Anville, le 6 juin 1692. Encore ce dernier n'est-il pas logé, car il a fait bâtir " la maison presbytérale " à ses dépens. Cette maison, avec un petit jardin et une basse-cour, est située dans l'enclos du prieuré. En plus de sa portion congrue, il dispose seulement des revenus d'un petit pré d'environ ¾ de journal avec une motte, chargé d'une messe le jour de la Saint Antoine (66). Comme il n'y a pas de fabrique, il entretient à ses frais l'autel " des choses nécessaires " et il paie 125 livres en cinq termes pour le don gratuit. Il ajoute que sa paroisse, " d'une très grande étendue ", compte 700 à 800 communiants (67).

Le prieur Guillaume-Augustin de Fournel de Tayac (1713-1767)

" M. de Tayac " est Guillaume-Augustin de Fournel de Tayac, petit-fils de la soeur de Fortin de la Hoguette, en faveur de qui ce dernier a résigné, en 1713. Guillaume-Augustin est fils de Hardouin de Fournel, chevalier, qui est dit seigneur de la Hoguette, demeurant en ce logis noble, paroisse de Chamouillac, le 12 mai 1714, quand il donne procuration à un nommé Jean Serre, au nom de son fils, " prieur du prieuré de Sainte-Gemme " (68).

Guillaume-Augustin est tout jeune alors. Il tiendra le bénéfice jusqu'à sa mort, en 1767. Nous ignorons si c'est de lui ou de son prédécesseur que se plaint le sacriste Étienne Canal, dans une lettre non datée, adressée au cellérier de la Chaise-Dieu, le père Malvergne (69) : " Nous sommes actuellement deux religieux à pension de trois cents livres. Le prieur perçoit tous les revenus qui montent, le moins, à douze mille livres par an, sans que nous ayons pu en obtenir aucune réparation, ni dans l'église, ni dans nos logements, pas même des cierges pour dire la messe, ni une aube, ni un autre ornement ". Il ajoute que son compagnon et lui ont sommé le prieur " de remplacer les offices et les places vacantes ", avec des pensions à concurrence du tiers des revenus, de faire les réparations nécessaires et de fournir des ornements convenables. Et il termine par une réflexion amère : " Il serait bien tenu d'arrêter le cours de l'iniquité de nos prieurs qui, si on les laissait faire, achèveraient de ruiner notre maison. C'est une chose des plus dignes de compassion que de voir un monastère où il devrait y avoir plusieurs religieux pour faire les offices et chanter les louanges du Seigneur, abandonné à l'avidité des séculiers qui, par négligence et par avarice, laissent ruiner tous les bâtiments et voudraient ôter le pain aux religieux pour les obliger d'abandonner la maison entière, pour jouir paisiblement de tout " (70). 

Il semble qu'un arrêt du Grand Conseil en date du 11 janvier 1715, dont nous ignorons la teneur, ait réglé le différend entre les moines et le prieur commendataire. On voit un peu plus clair à partir des environs de 1730, alors que de Tayac a pris le parti de se débarrasser des moines, dont il n'apprécie guère les recours à la procédure : " il y a toujours quelques procès ou différends à cause des petits domaines et droits honorifiques attachés à leurs bénéfices ". Depuis plus d'un siècle, affirme-t-il, le sacriste et le chambrier sont les seuls desservants, alors qu'un édit royal de 1680 exige le nombre de dix à douze religieux pour former une communauté. Mauvaise foi évidente, car il sait bien que ce sont les commendataires qui ont fait en sorte de réduire au maximum le nombre des frères, pour bénéficier au maximum des revenus du couvent.

Le sacriste est alors Jean-Bertrand Desgranges, religieux profès bénédictin, et le chambrier Michel Valleteau, prêtre, religieux du même ordre (71). Or Desgranges demeure au prieuré de Cozes, de sorte que Valleteau est le seul à résider. De plus, l'esprit du temps n'est guère favorable aux conventualités et les évêques, soucieux d'une pastorale décente, saisissent depuis longtemps les occasions de transférer aux cures les revenus des prieurés en difficulté.

Le prieur reproche aux moines de ne pas faire ce qui n'est pas leur mission : aider le desservant dans l'exercice d'une pastorale exigeante, eu égard aux dimensions de la paroisse. Il propose de les remplacer par un " vicaire amovible ", auxiliaire du " vicaire perpétuel ". Sa proposition est, évidemment, acceptée sans réserve par le vicaire Lartigue, et la majorité des habitants s'y rallie, les plus nombreux étant peu soucieux de conserver une communauté monastique. Quant à l'évêque, Léon de Beaumont, il ne peut refuser un projet qui prévoit la rémunération du vicaire par le prieur, contre la suppression des offices de sacriste et de chambrier. Les démarches sont rondement menées. On obtient l'autorisation de l'abbé de la Chaise-Dieu, commendataire lui aussi, Armand Gaston de Rohan, cardinal, évêque de Strasbourg. Les réguliers s'opposent bien en un premier temps, mais ils finissent par accepter de s'effacer, car le prieur leur promet une pension viagère supérieure à celle dont ils jouissent. Ainsi, le 17 juillet 1731, l'évêque fait rédiger un décret d'union des bénéfices en cause à celui de prieur (72). Le chambrier abandonne alors le prieuré et se retire à Saintes, avec une pension de 700 livres, le double de sa pension pour résidence, et un vicaire amovible est désigné. Le décret d'union est enregistré à Bordeaux, le 9 février 1732.

Les choses demeurent en l'état jusqu'en 1735. Alors intervient le grand prieur de la Chaise-Dieu, irrité d'avoir été tenu à l'écart de la procédure, qui rappelle que " l'abbé a l'exercice du droit de collation " mais non le droit de suppression des offices, qui est du ressort du chapitre général. Il engage donc une action en restitution de biens. Il charge son procureur, dom Armand Valet, bénédictin de la congrégation de Saint-Maur, syndic de l'abbaye de Saint-Jean-d'Angély, d'effectuer une inspection de la maison : constater " l'état du prieuré, visiter le Saint Sacrement, l'église, et entendre les religieux qui y sont ou y doivent être ". Le procureur se transporte donc à Sainte-Gemme, en compagnie de son secrétaire, le 22 novembre 1735. Le vicaire, sans doute prévenu, est absent et toutes les portes sont fermées à clé. La " demoiselle Bonroc ", une parente, qui leur ouvre la porte du presbytère, déclare que, " quand il [le vicaire] serait présent, il ne ferait point ouverture des dites portes, crainte de déplaire à M. de Tayac, prieur commendataire du dit prieuré ". Ils réussissent à pénétrer dans l'église par une petite porte et à atteindre le cloître, " dont un côté a été découvert depuis peu ", et l'ancienne grande salle du chapitre " dont le pavé a été ôté ". A l'extérieur, les murs de l'église sont envahis de " quantité d'arbrisseaux, de lierre, de ronces, ce qui provient d'un mauvais entretien ". Ils constatent l'existence de trois appartements. L'un, autrefois au chambrier, est occupé par le fermier; dans un autre, qui était au sacriste, est installé un sieur Brisson, " qui cultive les terres affermées "; quant au troisième, qui est l'ancien appartement du prieur, le vicaire amovible y fait sa résidence.

Le procureur apprend que les revenus du prieuré ont été affermés pour 8 000 livres. Il calcule les arrérages, pour vingt-neuf ans, des devoirs non servis à l'abbaye mère, procurations, décimes... et ordonne " que les susdits religieux soient tenus de résider sur les lieux et que le sieur prieur remplisse le nombre de dix autres religieux cloistrés, suivant les pancartes et terriers des bénéfices dépendant de la dite abbaye de la Chaise-Dieu, afin que le service divin y soit fait, et que l'église et autres lieux réguliers soient réparés, aux frais, dépens et diligence du dit sieur prieur de Sainte-Gemme; jusqu'à ce, les revenus du dit prieuré seront saisis, ensemble les pensions des susdits deux religieux ci-dessus nommés, faute de résidence, le tout conformément au susdit arrest du Grand Conseil ". Il s'agit de l'arrêt du 11 janvier 1715, mentionné plus haut.

La cause du grand prieur est assez diligemment défendue pour qu'un arrêt du 8 mars 1736, pris en conséquence du précédent, ordonne la réparation des lieux saints avec les revenus du fermage, l'achat d'ornements et le retour des deux moines. Cependant, dès le même mois de mars, le cellérier de l'abbaye, le père Malvergne, pour le grand prieur souffrant, propose par lettre à de Tayac de mettre fin à la querelle par un compromis amiable. Le prieur de Sainte-Gemme répond favorablement le 20 avril, d'Abzac, " près Libourne en Guyenne ". Les avocats chargés de régler l'affaire pour les parties mettent au point le compromis, qui est reçu par un notaire parisien, le 12 juillet 1737. Le père Malvergne accepte la suppression des bénéfices du prieuré de Sainte-Gemme, mais le prieur commendataire s'engage à payer annuellement à la Chaise-Dieu, entre les mains de Valleteau, une rente de 100 livres. Après la mort de Valleteau, comme il n'aura plus à verser les 700 livres de pension viagère à ce dernier, la rente à la Chaise-Dieu sera portée à 400 livres, qui seront affectées à l'entretien d'un cloîtrier dans l'abbaye. Une clause prévoit le cas de non paiement, qui entraînerait la reprise en mains du prieuré par les moines de l'abbaye. André Baudrit, à qui nous empruntons tous ces détails (73), ajoute que de Tayac a payé très régulièrement la rente de 100 livres, pendant vingt-sept ans, de 1737 à la mort de Valleteau, en 1764, mais qu'ensuite, la rente s'élevant à 400 livres, les arrérages se sont accumulés. Nous abandonnons Sainte-Gemme à son sort, le prieuré n'étant plus qu'une seigneurie depuis 1731.

Notes sur des prieurés dépendants

Le prieuré Saint-Hilaire d'Hiers, fondé vers 1177, a compté deux moines au temps de la prospérité (74). Au XVIIe siècle, il n'est plus qu'un " prieuré simple ", sans religieux, mais il s'honore d'être possédé en commende par l'académicien Jean Chapelain, célèbre auteur d'un poème épique raté, la Pucelle, qui a fait les délices de Boileau. Chapelain nous apprend lui-même, dans ses lettres, qu'il a été pourvu du bénéfice en 1645, par le prieur de Sainte-Gemme. En 1650, il se plaint des frais excessifs de réfection de ses marais. En 1673, il écrit à l'évêque de Saintes Louis de Bassompierre qu'il doit au prélat d'avoir fixé à 12 livres le service du curé de Brouage en son " très modique prieuré, désolé par les guerres de religion ", alors que le curé demandait 40 livres, " ce qui, ajoute-t-il, serait plus d'un tiers du petit revenu ". Il a pourtant écrit à Nicolas Gombaud, doyen de Saintes et prieur de Meursac et de Soubise, en 1659, que son bénéfice était affermé 400 livres, avec environ 70 livres " de charges ordinaires " (75). Ces quelque 330 livres ne représentaient d'ailleurs pas grand chose en comparaison des 3 000 livres de pension royale qu'il estimait mériter, en qualité de " plus grand poète français et du plus solide jugement ".

Le prieuré de Saint-Fort-sur-Gironde dépendait également de celui de Sainte-Gemme. Le 21 juillet 1717, dom Jean-Joseph Guérous de Laterrière, religieux profès de l'ordre de Saint-Benoît, diacre, infirmier de l'abbaye de Sainte-Croix de Talmont, au diocèse de Luçon, prieur de Saint-Pierre de Giens le Vieil sur Loire, au diocèse d'Auxerre, prieur de Saint-Just et Sainte-Catherine de la Monnière, au diocèse de Luçon, demeurant à l'abbaye de Talmont, en prend possession, pourvu par de Tayac, par acte du 12 mai précédent (76). C'est le dernier prieur du lieu. En 1746, de Tayac liquide le prieuré, qui est uni au séminaire de Saintes. En effet, le 20 décembre 1746, après le défaut donné contre le titulaire Jean-Joseph Guérous de Laterrière, qualifié " prieur claustral du prieuré de Saint-Sauveur de Saint-Fort de Cosnac ", après le consentement du prieur de Sainte-Gemme, Guillaume-Augustin de Fournel de Tayac, après l'enquête de commodo et incommodo faite sur place à la diligence de l'archidiacre d'Aunis, un des grands vicaires, et l'avis de tous les intéressés, l'évêque Pierre-Simon de Lacoré prononce l'union du prieuré au séminaire de Saintes, à la charge par ce dernier " de nourrir, loger et instruire gratuitement jusqu'à la prêtrise, les jeunes clercs du diocèse que nous leur désignerons et nos successeurs après nous, pris de préférence dans la paroisse de Saint-Fort". Le roi approuve en mars 1747. Le revenu annuel du prieuré a été estimé à 600 livres environ, toutes charges déduites. L'évêque prévoyant 300 livres " par place gratuite ", Saint-Fort pourra entretenir deux clercs qui se destinent au sacerdoce (77).

Quant au prieuré-cure de Saint-Pierre-es-liens, de Dercie, estimé à 800 livres, qui était aussi à la collation du prieur de Sainte-Gemme, il n'a pas subi le sort de Saint-Fort, puisqu'en 1787 encore, Pierre-Joseph Hillairet en a été pourvu (78).

DOCUMENTS

1. Notice sur la fondation du prieuré, rédigée par un moine de Sainte-Gemme

" Nous savons que la Chaise-Dieu fut fondée en l'an de l'incarnation du Seigneur MXLVI (79). Nous savons également de source sûre que le bienheureux Robert, notre seigneur, maître et père, a rejoint les bienheureux confesseurs et tous les saints l'an de l'incarnation du Seigneur MLXXIV (80). Dans la cinquième année après la mort du bienheureux Robert, le seigneur Durand, abbé de la Chaise-Dieu, envoya trois religieux estimables et saints frères moines, pour édifier, régir et garder ce lieu de Sainte-Gemme, en l'honneur de l'indivisible Trinité, du Père et du Fils et du Saint Esprit, et de la bienheureuse Marie, mère de Dieu, et de sainte Gemme, vierge, et de tous les saints, dont les noms sont le seigneur Artaud, qui fut prieur, le seigneur Theodard, qui fut précepteur et maître, et le seigneur Robert, qui fut reclus. Ce fut en MLXXIX de l'incarnation du Seigneur... " (Besly, Histoire des comtes de Poictou, preuves, p. 403, sous le titre " Ex tabulario S. Gemmae Santonensis "; Bibliothèque nationale, collection Baluze, 139, p. 412).

2. Acte de donation de Sainte-Gemme par le comte de Poitiers Guy-Geoffroy (1071-1078)

" Fondation de Sainte-Gemme. - ... moi, Guy, duc et comte des Poitevins, ... avec l'assentiment de ma femme Audeard et de mon fils Guillaume, je donne le lieu qui est dit de Sainte-Gemme, à Dieu et au bienheureux Robert et à Durand, abbé, et aux moines de la Chaise-Dieu, tant présents que futurs, pour la rémission de nos péchés..., la terre arable qui est autour, entre le monastère et le bois, et de même, dans les forêts de tout le Baconnais, le bois et les arbres pour toutes constructions ou pour le chauffage et pour toutes nécessités, c'est-à-dire pour tous leurs animaux de somme ou de trait, la nourriture des boeufs, des vaches, des moutons, des porcs, des chevaux ou juments, et ceci gratuitement, sans aucune des redevances habituelles en ces cas. Cette donation a été consentie et confirmée par ceux dont les noms suivent : Guillaume Freeland et Arnaud de Montausier et Fouques, comte des Angevins, et Gardrad Barbotin... " (Besly, p. 379; Baluze 40, folio 84 r°; Baluze 139, p. 405).

Note : Guillaume, fils de Geoffroy, est né le 22 octobre 1071 (A. Richard, Histoire des comtes de Poitou, tome I, p. 310) et l'abbé Durand a abandonné l'abbatiat en 1078 (Gaussin, pp. 126 et 691). A. Richard signale la donation entre un acte du 17 octobre 1074 et un autre de 1075 (tome I, p. 312-313).

3. Donation à Salles (aujourd'hui Marennes) (1078-1086)

" Moi, Gautier, forestier, je donne mon âme et mon corps à Dieu et au bienheureux Robert et à l'abbé de la Chaise-Dieu Seguin et je leur concède tout ce que j'ai à Salles. Je le fais avec la concession de Guy, comte des Poitevins " (Baluze 139, p. 412).

Note : Dates de l'abbé Seguin : 1078-1094 (Gaussin, p. 691-692). Guy-Geoffroy est décédé en 1086.

4. Donation de l'église et de la dîme d'Hiers (1083-1086)

" Don de Hiers et d'une dîme - Hugues de Doué, pour le salut de son âme, donna à la Chaise-Dieu et aux moines de Sainte-Gemme l'église du lieu qui est appelé Hiers et toute la dîme de cette île, depuis l'étier de la Cobra, qui est dit de Mont, et la terre que Orry Pirier avait là. Ce don a été fait dans la main de Garnier, prieur de Sainte-Gemme, en présence de Guillaume, moine, du Château, et Ramnulfe Enjaugier, qui étaient là. L'évêque de Saintes nommé Ramnulfe approuva ce don et donna ce qui lui appartenait. Guillaume, comte de Poitiers, approuva et confirma, en présence de ses barons, Ramnulfe du Donjon, Aalard de Ciré et Hugues de Doué qui demanda au comte cette confirmation, alors qu'ils allaient en Oleron, avec la comtesse " (Baluze 40, folio 87 v°).

Note : Ramnulfe, évêque de Saintes : 1083-1104 (Gallia Christiana, volume II, colonne 1064 et Gams, Series episcoporum, p. 623). Le comte doit être Guy-Geoffroy, mort en 1086.

5. Donation de la terre de Faut (vendredi 13 juin 1091)

De Falto - Au nom de Notre Seigneur Jésus-Christ, moi, Guillaume, comte de Poitiers, et Guillaume Freeland, nous donnons à Dieu et à la bienheureuse Marie et au bienheureux Robert et à sainte Gemme et aux moines de la Chaise-Dieu présents et futurs, toute la terre qui est délimitée par la Vallis Fera, Charnay et l'Oumède, et les marais et rives pour construire des moulins ou faire des viviers et toutes constructions à leur utilité. Nous faisons cela pour le salut de nos âmes et des âmes de nos parents. Qu'ils aient et possèdent ces choses à perpétuité, sans aucune mauvaise coutume ni service, si ce n'est spirituel. Et si quelqu'un s'opposait à cette donation, qu'il tienne pour certain qu'il encourrait la colère de Dieu, s'il ne faisait amende honorable et ne donnait satisfaction à Dieu et aux moines. Furent témoins de cette donation Arbert de Talmont, Étienne Rufus, Ramnulfe du Donjon, Borreau de Montreuil, Ebbon de Parthenay, Guillaume Achard, Foucaud de Blaye. Cette charte a été faite la seconde semaine du mois de juin, férie VI, lune XXII, Philippe roi des Francs " (Baluze 40, folio 84 v°; simple analyse dans Baluze 139, p. 406).

De paschario - De cette susdite terre Foucaud Airaud concéda aux moines de la Chaise-Dieu le pasquier qui était le sien, pour C et L sous qu'ils lui donnèrent . Martin Raoul, gardien du bois, donna le " service " qui devait être fait aux forestiers. Cette donation du pasquier a été faite avec l'approbation de Ramnulfe, évêque de Saintes, et des autres chanoines de Saint-Pierre de Saintes, de Guillaume Arbert et de Geoffroy Gardrad, chapelain de l'évêque, etc. Cette donation a été faite avec l'autorisation du seigneur Adémar évêque d'Angoulême.

Longtemps après, Engelbert d'Ecoyeux, poussé par les moniales mécontentes de cette donation, détruisit une clôture qu'y avait fait Jean, frère du moine Arnaud, afin que les animaux ne mangent pas le blé qu'il avait semé. C'est pourquoi, contraint par le prévôt Ostens Seloin, il donna un gage au seigneur Theodard et la clôture brisée en deux fut transportée en l'église de Sainte-Gemme en témoignage " (Baluze 40, folio 84 v°).

Note : Adémar, évêque d'Angoulême, n'est plus signalé après 1101 (Gams, Series episcoporum..., p. 490). La destruction de la clôture doit être postérieure à la seconde donation.

6. Seconde donation de Faut (avant 1098)

" Au nom de la Sainte Trinité, moi, Guillaume, ... duc d'Aquitaine, je donne à Dieu et à saint Robert et à sainte Gemme et aux moines qui les servent, une terre près de chez eux, dans mon bois de Baconnais, délimitée d'une part par des croix de pierre, d'autre part par une vallée contiguë à un bois, qui est appelée Vallis Fera, et une carrière et l'eau qui la circonscrit, avec des prés et l'eau susdite apte à recevoir un vivier ou autre utilité, gracieusement, exempte de toute réclamation des hommes et de toute violence ou tracasserie de mes serviteurs ou prévôts... Témoins Hélie de Didonne, Foucaud Airaud, Robert Vigier et de nombreux autres dont il n'est pas nécessaire d'écrire ici les noms " (Baluze 40, folio 85 r°).

Note : Acte antérieur à la mort d'Hélie 1er de Didonne, qui a dû se produire en 1098 (J. Duguet, Les seigneurs de Didonne de 1047 à 1227, dans bulletin de la Société de Géographie de Rochefort, 2e série, tome II, n° 5, 1969, p. 145).

Annexe

" Il faut savoir que le susdit comte Guillaume, venant à Sainte-Gemme, après avoir embrassé le seigneur Theodard, pressa Arnaud d'édifier des maisons, car il aimait tant le lieu et les frères qu'il aurait voulu que la donation de son père prospère. En leur donnant la terre de Faut, il dit : Cette terre que je vous donne, si elle demeure stérile, sans cultivateurs, vous sera de peu de rapport. - Nous, seigneur, répondirent-ils, nous ne voulons pas d'hommes; vos prévôts et forestiers les tracasseraient continuellement et ils feraient de même à notre égard. - Et moi, répondit-il, j'accorde à ce lieu que vous receviez sans contradiction quiconque, de toute ma terre, voudra venir à vous ou à vos successeurs, tant que ma lignée ne sera pas éteinte; et si vos hommes ou vous empiétiez sur mon droit, vous n'auriez à en répondre devant nul autre que moi et mes successeurs. Ce don, je le fais à vous et à ce lieu à perpétuité, de sorte que vous et vos successeurs serviez Dieu librement et sans tristesse, et pour prier dévotement pour moi et mes parents, tant passés que futurs " ( Besly, p. 411; Baluze 40, folio 85 v°).

Note : Curieux texte, peut-être ajouté à la charte du comte.

7. Donation des marais de la Seudre (1098, après le 8 juin)

" Don du comte - Au nom de Dieu très haut, moi, Guillaume, comte de Poitiers, pour le salut de mon âme et des âmes de mes parents, je donne et concède à perpétuité à Dieu et à la bienheureuse Marie et au bienheureux Robert et à sainte Gemme et à Garnier de Montmorillon, prieur du lieu de Sainte-Gemme, et à Theodard, moine, et à tous les moines de la Chaise-Dieu présents et futurs, de toute la terre maritime qui est située entre l'étier de Chalon, qui est sous le bourg du Gua, et l'étier de Lombaze, qui est sous l'église appelée à Salles, la moitié des revenus et de la seigneurie, ainsi que je la possède de droit dans toute la terre maritime du Gua jusqu'au Chapus, ravie à la mer par force et ingéniosité, culte ou inculte. Et je donne et confirme à perpétuité aux moines de Sainte-Gemme ce qu'ils travailleraient pour leur propre usage ou posséderaient, où ils voudraient, dans le susdit marais qui va du Gua jusqu'au Chapus... J'ordonne qu'ils possèdent cette terre maritime exempte de toute mauvaise coutume, ainsi que celle qui est à Sainte-Gemme, que mon père Guy, dont l'âme jouisse des agréments du paradis, leur donna en aumône. Ce don a été fait en présence des témoins dont les noms suivent : Robert Vigier, prévôt de Saintes, et Pierre Landri, de Montmorillon, et Garnier, prieur de Sainte-Gemme, et Gerrus, prieur de Sainte-Marie de Fors, moine de Déols. Et ceci a été confirmé par le don d'un rameau qui fut transmis aux moines de Sainte-Gemme, et de cette confirmation ont été témoins Guillaume de Mauzé, Pierre Landri, Aleard de Ciré, Simon de Viers. Cette charte a été faite sous le règne de Philippe, roi des Francs, Ramnulfe étant évêque de Saintes, l'an de l'incarnation du Seigneur MXCVI, au cours duquel Antioche a été prise par les chrétiens, après la fuite des Turcs, et soumise au Seigneur Christ, le pape étant Urbain. " (Besly, p. 411; Baluze 40, folios 85 v° et 86 r°; analyse dans Baluze 139, p. 406).

Note : Le millésime 1096 ne convient pas car la prise d'Antioche a eu lieu le 8 juin 1098. La donation est donc de 1098 ou du début de 1099. A. Richard la situe fin juin ou début juillet 1098 (tome I, p. 420).

8. Don de dîmes (avant et après 1101)

" Qu'il soit évident à la postérité que Guillaume Freeland donna à Dieu et aux moines de la Chaise-Dieu la dîme de la terre neuve, et, après la mort de son oncle Aimeri (sic, pour Adémar), évêque d'Angoulême, de la vieille. Et, lors de l'investiture, il reçut de nous, moines de la Chaise-Dieu, 500 sous " (Baluze 139, p. 412).

Note : Adémar fut évêque d'Angoulême de 1076 à 1101 (J. Boussard, Historia pontificum et comitum Engolismensium, p. 27, note 2, d'après Gams, Series episcoporum, p. 490).

9. Don de dîmes dans la paroisse de Saint-Sulpice (mars 1101-octobre 1102)

" Des choses reçues dans la paroisse de Saint-Sulpice - La comtesse de Poitiers donna à Dieu et aux moines de la Chaise-Dieu demeurant en l'église de Sainte-Gemme, en la main du prieur Garnier, la dîme d'une terre que Robert Vigier avait donnée à défricher ou à cultiver, dans la forêt de Baconnais, au lieu qui est dit à Saint-Sulpice, et la dîme de l'essart de Ricou. La susdite comtesse fit ce don dans la villa appelée Champagne, alors que le comte était à Jérusalem, en présence et avec l'assentiment de ses barons, Foucaud Airaud, Aleard de Ciré, Robert Vigier, en attendant que Dieu tout puissant concède au comte un heureux retour. Elle demanda au prieur Garnier d'aller trouver le comte à son retour. Ainsi en fut-il. Le comte revenu de Jérusalem, Garnier se rendit à Poitiers et, à la demande de la comtesse, le comte approuva et confirma le don qu'elle avait fait à Dieu et au lieu de Sainte-Gemme, sous le témoignage des susdits témoins. De plus, peu après, venant à l'église de Sainte-Gemme, le comte renouvela le don qu'il avait fait dans la main du prieur Garnier, en présence de Rainon, prieur, des moines Pierre, etc. " (Besly, p. 416; Baluze 40, folio 87 r°; résumé dans Baluze 139, p. 407-408).

Note : La croisade du comte Guillaume le Jeune se situe entre mars 1101 et octobre 1102 (A. Richard, Comtes de Poitou, I, p. 431-437). Sa venue à Sainte-Gemme peut être de la fin de 1102 ou de 1103.

10. L'évêque de Saintes Pierre attribue l'église Saint-Hilaire d'Hiers à la Chaise-Dieu (1107-1111)

" L'an MXCV, lors du concile de Clermont, Hugues, abbé de Cluny, et Pons, abbé de la Chaise-Dieu, ont traité de leurs différends et s'en sont remis au seigneur pape Urbain pour leur règlement... Autrefois était évêque de Saintes le seigneur Ramnulfe, par la concession duquel les moines de Sainte-Gemme possédaient l'église consacrée en l'honneur de saint Hilaire, au milieu de l'île qui est appelée Hiers par les habitants des environs (81). Plus tard, le prieur de l'île appelée Aix, nommé Hugues, et avec lui plusieurs moines de Cluny, s'adressèrent à l'évêque de Saintes Pierre, qui avait été prieur de Soubise et qui avait succédé à Ramnulfe de bonne mémoire, disant qu'ils avaient possédé la dite église, mais que celle-ci leur avait été violemment enlevée par les moines de la Chaise-Dieu. L'évêque, convoqua les moines de l'une et l'autre église, pour juger. Les moines de la Chaise-Dieu vinrent en la chambre épiscopale au jour assigné, avec leur abbé, le seigneur Aimeri. Les moines de Cluny affirmèrent avoir possédé les premiers l'église en cause. Les moines de la Chaise-Dieu répondirent n'en rien savoir et dirent que, le jour où, à Clermont, une concorde fut conclue entre les moines de Cluny et ceux de la Chaise-Dieu, ils ont eu l'investiture de cette église. Ces choses entendues, l'évêque demanda à l'abbé de la Chaise-Dieu de désigner un de ses moines qui jurerait sur les saints évangiles la véracité de cette affirmation. L'abbé désigna un des plus vieux moines de Sainte-Gemme, nommé Létier, à la chevelure d'une vénérable blancheur, ayant soixante ans et plus, qui, la main tendue sur les saints évangiles, commençait à jurer, quand les moines de Cluny se retirèrent, en disant qu'ils ne voulaient pas entendre la fin du serment. Alors, l'évêque, sans attendre, attribua l'église au seigneur Aimeri, abbé de la Chaise-Dieu, et à ses successeurs, menaçant d'excommunication quiconque irait à l'encontre de sa décision. Intervinrent à ce jugement le seigneur évêque de Saintes Pierre, homme très vénérable..., et Aimeri, abbé de la Chaise-Dieu, qui est devenu ensuite évêque de Clermont, et avec lui Robert, abbé de Saint-Sicaire de Brantôme, Marquier, abbé de Montierneuf, Geoffroy, abbé de Nouaillé, etc. Bernard Delmas prieur de Sainte-Gemme " (Baluze 139, p. 408-410).

Note : Pierre, évêque de Saintes : 1107-1111 (Gams, Series Episcoporum, p. 623) - Aimeri abbé de la Chaise-Dieu : 1102-1111 (Gaussin, p. 691-692) - Marquier, abbé de Montierneuf de Poitiers : intronisé le 8 juin 1101; mort le 15 février 1124 (Archives Historiques du Poitou, tome LIX, p. 445) - Geoffroy, abbé de Nouaillé : 1091; mort le 20 juillet 1115 (ibid., tome XLIX, p. XVIII).

11. Donation de l'église Saint-Pierre de Dercie (28 août, entre 1107 et 1111 ou entre 1117 et 1122)

" Pierre, évêque de Saintes, donna l'église Saint-Pierre de Dercie. Il fit ce don à Saintes, le V des calendes de septembre, en la main de Bernard Delmas, prieur de Sainte-Gemme; avec l'assentiment d'Amauvin et Goscelme, archidiacres. " (Baluze 139, p. 410).

Note : Pierre II, de Soubise (1107-1111) ou Pierre III, de Confolent (1117-1122). La présence des archidiacres ne permet pas de trancher. On rencontre Amauvin depuis l'épiscopat de Ramnulfe, prédécesseur de Pierre II, jusqu'à celui de Guillaume, successeur de Pierre III. Quant à Gauscelme, il paraît depuis Pierre II jusqu'à Guillaume.

12. Donation de la terre appelée l'Houmède (1er janvier, entre 1126 et 1137)

" De l'Houmède - Au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit, moi, Guillaume, par la grâce de Dieu duc des Aquitains, pour le salut de l'âme de mon grand-père, qui édifia le lieu de Sainte-Gemme, et pour l'âme de mon père, qui accrut le même lieu de nombreux bénéfices, et pour le salut de mon âme et de mon corps, je donne à Dieu et au bienheureux Robert et à la susdite église de Sainte-Gemme, la terre qui est appelée l'Houmède, avec les eaux et les rivières adjacentes, ainsi que l'a montrée Garnier de Montmorillon, prieur de ce lieu, en présence de Hugues, mon oncle, et de Geoffroy Vigier, Hélie de Brau, Pierre de Clazais, Alexandre, Thébaud et Geoffroy, veneurs. J'ai confirmé ce don dans l'église de Sainte-Gemme, le jour de la Circoncision du Seigneur, en posant le livre des évangiles sur l'autel, pour mon salut et celui de mes parents, tant ancêtres que successeurs, en présence de mon oncle Hugues, Garnier prieur, Benoît Robert, Pierre Bernard, moines, et Jean, chapelain de Pont-l'Abbé, qui écrivit cette charte " (Besly, p. 463; Baluze 40, folio 86 r°; Baluze 139, p. 406-407, mais texte incomplet).

Note : A. Richard signale l'événement à la date du 1er janvier 1127 ou 1128 (Comtes de Poitou, tome I, p. 9 et 10).

13. Confirmation du don de Saint-Pierre de Dercie

" Guillaume, évêque de Saintes, donna à Garnier, prieur de Sainte-Gemme, l'église Saint-Pierre de Dercie, afin qu'ils la possèdent à perpétuité " (Baluze 139, p. 140).

Note : Guillaume fut évêque de Saintes entre 1127 et 1139 (Gams, Series episcoporum, p. 623).

14. Le pape Innocent II confirme à l'abbé Étienne la possession de l'église de Saint-Fort (9 juin 1136)

" Innocent, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, à son cher fils Etienne, abbé, et aux frères du monastère de la Chaise-Dieu tant présents que futurs... A toi et à tes successeurs nous confirmons et, par le présent privilège nous statuons irréfutable à perpétuité la décision du vénérable évêque de Saintes Guillaume, notre frère, prise avec l'autorisation de ses chanoines, d'attribuer la possession de l'église du bienheureux Fortunat à toi et à l'église de la Chaise-Dieu, que tu diriges par la grâce de Dieu, à la suite de la longue querelle entre tes moines de l'église de Sainte-Gemme et l'église de Sablonceaux, au sujet de l'église de Saint-Romain de Benet, par notre même frère l'évêque Guillaume concédée aux frères de Sablonceaux, avec le consentement de son chapitre... Donné à Pise, par la main d'Aimeri, diacre cardinal et chancelier de la sainte Église Romaine, le V des ides de juin, indiction XIII, incarnation du Seigneur MCXXXVI, VIe année du pontificat du seigneur Innocent II pape " (Baluze 139, p. 410-411; se trouve aussi dans Baluze 40, folio 90, d'après Revue de la Saintonge et de l'Aunis, tome IV, p. 395).

15. Confirmation par Louis VII des donations des comtes de Poitiers (1141, après le 31 juillet)

" Précepte royal sur toutes les possessions du monastère de Sainte-Gemme - Au nom de la sainte et indivisible Trinité, moi, Louis, par la grâce de Dieu roi des Francs et duc des Aquitains, je veux faire savoir tant aux futurs qu'aux présents que j'ai concédé aux moines de la Chaise-Dieu qui servent dévotement Dieu tout puissant dans l'église appelée Sainte-Gemme, les dons et possessions qu'ils ont eus des largesses des comtes des Poitevins, c'est-à-dire de Guy qui fut le fondateur du lieu, et des autres, avec l'assentiment et à la demande de la reine Aliénor, mon épouse : c'est-à-dire les landes de Faut, avec leurs rivières, et la terre maritime du Gua jusqu'au Chapus, et la dîme de Cobra Comtal jusqu'au Brouage, la terre du Breuil avec maison et bois et vignes et moulins, et autres choses qu'ils possèdent dans l'île d'Hiers et en Oléron, l'Oumède près de Faut, avec ses rivières, et l'Epinède, la terre de Guillaume David et la dîme de Saint-Sulpice. Ces choses et d'autres que, par don des comtes des Poitevins, les susdits moines ont acquises, nous les confirmons... Afin qu'il obtienne la garantie d'une perpétuelle stabilité, nous avons ordonné que cet écrit soit muni de l'autorité de notre sceau et corroboré de notre nom. Fait publiquement, à Talmont, l'an de l'incarnation du Verbe MCXLI, le Ve de notre règne, en notre palais, en présence de ceux dont les noms suivent. S. Raoul, comte de Vermandois, notre sénéchal. S. Guillaume, bouteillier. S. Mathieu, camérier. S. Mathieu, connétable. Donné par la main de Cahors, notre chancelier " (Baluze 40, folio 86, r° et v°; analyse dans Baluze 139, p. 407).

Note : A. Richard analyse cet acte d'après le manuscrit latin 17 116, folio 264, de la BN (Comtes de Poitou, tome II, p. 77). La 5e année du règne de Louis VII commence le 1er août 1141.

16. Donation d'un bois à Sainte-Gemme (1146, après le 31 juillet)

" Louis, roi des Francs et duc des Aquitains, donna le bois qui est entre la terre de Sainte-Gemme et la terre de Faut, avec la concession de la reine Aliénor, laterali sua, l'an MCXLVI, Xe de son règne. Fait à Saintes. S. Raoul, comte de Vermandois, sénéchal... Bernard prieur  " (Baluze 139, p. 407; dans Baluze 40, folio 86 r°, on trouve cette simple note : " Bernardus prior tempore Ludovici VII, anno 1146 ").

Note : A. Richard (Comtes de Poitou, tome II, p. 87) signale la pièce d'après Luchaire, Étude sur les actes de Louis VII, 1885, p. 161.

Notice sur le charnage des porcs

" Du charnage - Comme le prévôt de Saintes, Seguin Beraud, demandait le charnage des porcs que les moines de Sainte-Gemme avaient pris pour les engraisser, les moines répondirent qu'ils ne l'avaient jamais donné ni ne devaient jamais le donner, parce qu'ils l'avaient reçu du comte en don " (Baluze 40, fol 86 v°).

17. Donation du pasquier dans le bois de Salis

" Du pasquier de Faut (sic) - Au nom de notre seigneur Jésus Christ, moi, Audeard, dame du château de Mornac, à la demande de mon mari Guy de Rancon, je donne à Dieu et aux moines de Sainte-Gemme le pasquier dans mon bois qui est appelé Salid, pour nourrir leurs propres porcs etc. " (Baluze 40, folio 86 v°; analyse en deux lignes dans Baluze 139, p. 407).

Courtes notices :

" Bernard, évêque de l'Église de Saintes, Bernard de Caprella prieur, Eudes, abbé de Sablonceaux " (Baluze 139, p. 412).

Note : L'évêque de Saintes Bernard se signale entre 1142 et 1162.

" De la pêcherie qui est à Saintes - Sachent présents et futurs que la pêcherie qui est à Saintes a été donnée par Sénioret Péager, pour cinq sous de monnaie d'Angoulême chaque année, à rendre à la fête de saint André. S'ils ne sont pas rendus ce jour, dans les jours suivants ils paieront en gage une grosse anguille " (Baluze 40, folio 86 v° et 87 r°).

Note : Sénioret Péager paraît dans une pièce du cartulaire de Sainte-Marie de Saintes, en 1162 (n° 237).

18. Acquisition de la dîme du Breuil, du fief du veneur et d'un marais (1168-1173)

"  Du marais de l'Epine jusqu'à Nancras - ... Sachent tant présents que futurs que les frères de la maison de Sainte-Gemme eurent une querelle non négligeable avec Rainaud de Doué, qui ne voulait pas rendre mille sous que le seigneur Bernard, de bonne mémoire, prieur de Sainte-Gemme, lui avait prêtés, à la demande d'Olivier, prieur de Sainte-Gemme, successeur de Bernard. C'est pourquoi le seigneur prieur Olivier gagna le bourg d'Angély pour porter plainte contre Rainaud de Doué devant la reine Aliénor. Ce dernier fut mandé sans retard et, en présence de la reine, il fut décidé, de justice urgente, qu'il devrait rendre l'argent à jour désigné ou servir un revenu correspondant aux moines de Sainte-Gemme. Il accepta et promit, en la main de la reine. Il faut savoir que la dame reine concéda au prieur Olivier et aux autres frères de Sainte-Gemme la possession libre et perpétuelle de ce que Rainaud de Doué voudrait donner à l'église de Sainte-Gemme, par accord entre les parties. Au bout d'un certain temps, R. De Doué, ayant convoqué ses amis et Eudes, prieur de Parthenay, Gombaud, prieur de Trizay, Geoffroy Dentaut, sur leur conseil il donna à Dieu et à l'église de Sainte-Gemme, pour faire la paix et pour le salut de l'âme de son père, la dîme du Breuil, la terre et les vignes du fief du veneur, et, aussi, tout le marais, de l'Epine jusqu'à Nancras, pour édifier des moulins, faire des salines ou des enclos, etc.

Plus tard, il confirma cette donation en la main du seigneur Adémar, évêque de Saintes, à Saint-Just. Et il ne faut pas passer sous silence que, le jour où la paix et concorde entre Rainaud de Doué et les moines de Sainte-Gemme a été faite, alors que le seigneur prieur Olivier revenait à Sainte-Gemme, il rencontra Hugues, fils du susdit R. De Doué qui, après avoir reçu dix sous de lui, confirma la susdite donation " (Baluze 40, folio 87 r° et v°; brève analyse, en quatre lignes, dans Baluze 139, p. 408).

Note : Pendant quelques années, entre 1168 et 1173, la duchesse reine gouverne effectivement son héritage d'Aquitaine. C'est en effet en janvier 1168 que le roi Henri, son mari, lui a confié le duché, qu'elle a gardé jusqu'en 1173, sous le nom de son fils Richard, fait duc d'Aquitaine en 1169, à l'âge de douze ans. Ensuite, elle est partie, captive, pour l'Angleterre d'où elle n'est revenue qu'en 1190 (82). L'acte doit se situer en cette courte période. A. Richard signale un passage de la duchesse à Saint-Jean-d'Angély, qu'il situe en 1169 (Comtes, tome II, p. 154, d'après P. Marchegay, Notices et pièces historiques..., p. 247).

19. Donations de rentes par les princes de Blaye et d'une terre à Saint-Jean-d'Angle

" Des choses possédées dans la paroisse de Saint-Jean-d'Angle - Girard, seigneur de Blaye, donna à Dieu et au bienheureux Robert et aux moines servant Dieu au lieu qui est appelé Sainte-Gemme, deux setiers, un de froment et un de méture, et deux muids de vin. Ensuite, après la mort du susdit Girard, alors que Jaufré Rudel avait reçu les droits paternels, celui-ci fit avec les moines la même convention, en la main de Bernard, prieur de Sainte-Gemme.

La femme de Geoffroy de Cravens, nommée Mote, et ses filles Aideline et Agnès, donnèrent à Dieu et au bienheureux Robert et aux moines de Sainte-Gemme, en la main du seigneur Pons, abbé de la Chaise-Dieu, la terre appelée Craventière, dans la paroisse de Saint-Jean-d'Angle " (Baluze 40, folio 87 r°).

Note : La première partie a été reproduite par Paul Cravayat, dans un article sur " Les origines du troubadour Jaufré Rudel ", dans la Romania, année 1950, p. 175, note 2. Girard, prince Blaye, paraît après 1125 et son fils Jaufré est décédé vers 1149. Dans la seconde partie, l'abbé de la Chaise-Dieu doit être Pons II (1157-1168).

20. Décret d'union au prieuré des offices de chambrier et de sacriste (17 ,juillet 1731)

" Léon de Beaumont, par la miséricorde de Dieu et la grâce du Saint-Siège apostolique seigneur évêque de Saintes, conseiller du roy en tous ses conseils, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut et bénédiction.

Scavoir faisons que, veu la requête à nous présentée par messire Guilhaume-Augustin de Fournel de Tayac, prieur commandataire du prieuré, terre et seigneurie de Sainte-Gemme, en notre diocèse, contenant que ledit prieuré est conventuel et régulier de l'ordre de Saint-Benoît, à la collation du monastère et abbaie de la Chaise-Dieu en Auvergne, qu'il y a plus d'un siècle que ce prieuré est possédé et remply par deux bénédictins de ceux qu'on nomme exempts, l'un desquels s'appelle sacriste et l'autre chambrier, qu'il y a de plus un curé ou vicaire perpétuel, prêtre séculier, qui dessert dans la même église la paroisse, lequel n'a qu'une portion congrue de 300 livres par chacun an et 60 livres par indemnité pour les novales, et comme la paroisse est très considérable et très étendue, que le curé peut à peine suffire au travail, n'étant en aucune façon secouru par ces deux religieux avec lesquels il y a toujours quelques procès ou différents, à cause des petits domaines et droits honorifiques attachés à leurs bénéfices, que d'ailleurs deux religieux ne peuvent point former une conventualité ni vivre suivant leur règle, aux termes de la déclaration de Louis 14 de l'année 1680, qui requière (sic) le nombre de dix à douze religieux pour faire communauté, ce qui est conforme aux statuts de l'ordre de Clugni et à la discipline, et qu'enfin il seroit nécessaire, pour le bien et l'avantage de la paroisse, que le curé de Sainte-Gemme fût aidé de quelque ecclésiastique, pour pouvoir desservir une paroisse aussy nombreuse et d'une aussy grande étendue;

c'est pourquoi ledit sieur prieur de Sainte-Gemme nous a supplié de vouloir procéder à l'union de ces deux places à son prieuré , et à la suppression et extinction d'icelles, sous sa soumission de donner une pension convenable aux deux religieux qui en sont pourveus pendant leur vie et de fournir aux frais nécessaires pour l'entretien d'un vicaire amovible...; veu aussy le procès verbal fait par le sieur de Lafare, notre official, ledit jour 9, contenant l'opposition desdits religieux, le consentement du curé et du sindic et l'état dudit prieuré et desdites places monachalles...; le consentement desdits habitants en grand nombre à l'union et suppression requise sous la soumission dudit sieur prieur; veu aussy le consentement de messire Gaston de Rohan, cardinal prêtre de la sainte église romaine, évêque prince de Strasbourg, grand aumônier de France, commandeur de l'ordre du Saint-Esprit, abbé commandataire de l'abbaie de la Chaise-Dieu en Auvergne, donné à Versailles le 10 avril suivant..., le concordat passé entre ledit sieur prieur et lesdits Valleteau et Desgranges, par lequel ils déclarent s'en remettre au sujet de la pension requise suivant la pension réglée entre eux...; conclusions du promoteur, par lesquelles il requiert, pour la gloire de Dieu et pour le bien de l'église, que les deux places monachales soient unies et incorporées au prieuré de Sainte-Gemme...; et que le titre à l'avenir en soit éteint et supprimé à perpétuité...;

tout veu et considéré, nous, après avoir pris conseil des personnes capables et éclairées, le saint nom de Dieu invoqué, de notre authorité spéciaile, en exécution des saints décrets et ordonnances de nos rois, avons par ces présentes éteint et suprimé, éteignons et suprimons à perpétuité le titre des deux places de chambrier et sacriste dépendantes dudit prieuré de Sainte-Gemme, dont sont pourveus les sieurs Valleteau et Desgranges, scituées dans notre diocèze;

et en conséquence nous avons uni et unissons, incorporé et incorporons à perpétuité tous les droits, privilèges, fruits, profits, revenus, honneurs et émoluments, tant en domaine qu'autrement, desdites places, circonstances et dépendances d'icelles, audit prieuré de Sainte-Gemme, en quoy qu'ils puissent concister généralement quelconques, pour céder entièrement au profit dudit prieuré et de ceux qui en seront pourveus, pour par ledit sieur de Tayac et ses successeurs en iceluy, en jouir perpétuellement, à la charge néanmoins par ledit sieur prieur de payer aux sieurs Valleteau et Desgranges la pension réglée par le concordat entre eux passé, dans les termes et aux clauses y contenues, après la mort desquels la pension demeurera éteinte et suprimée, comme aussy d'acquiter en outre par ledit sieur prieur toutes les charges dudit prieuré et de fournir, luy et ses successeurs, aux fraix convenables pour l'entretien d'un vicaire amovible, qui aidera au curé à desservir ladite paroisse de Sainte-Gemme à perpétuité, pour le bien et soulagement des habitans, lequel vicaire amovible, outre le service qu'il rendra au curé et à la paroisse, sera chargé de dire tous les dimanches la messe pour les fondateurs et bienfaiteurs dudit prieuré, et ce pour remplir en quelque manière ce qu'étoient obligés de faire les religieux; et sera ledit sieur prieur tenu de stipendier ledit vicaire amovible jusqu'à la concurance de 300 livres par chacun an. Si mandons...

Donné à Saintes, à notre palais épiscopal, sous le sceau de nos armes, notre seing et celui de notre secrétaire ordinaire, le 17 juillet l'an de grâce 1731. Signé : Léon, évêque de Saintes, et plus bas : par monseigneur, de Launay " (Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome XXIII, p. 152-155).

Notes

(1) Gaussin Pierre-Roger, L'abbaye de la Chaise-Dieu (1043-1518), Paris, Cujas, 1962, pp. 275-277.
(2)
Ibid., p. 396.
(3)
Ibid., p. 498.
(4)
Archives Historiques du Poitou, tome LIX, p. 3-5.
(5) Gaussin,
ibid., p. 116.
(6) Pour les références des actes, nous renvoyons aux " documents " reproduits en fin d'étude.
(7) Gaussin,
op. cit., p.126.
(8) Nous ne traduisons pas ce nom, qui peut correspondre à Vau Fière. Toutefois le sens est évident : vallée sauvage.
(9) Rivières : rives de cours d'eau.
(10) Archives Nationales, P. 585, fol vii
xx xiiii verso-viixx xv verso, n° IIIIxx XIIII.
(11)
Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome IV, p. 488
(12) Terres neuves : novales, terres récemment défrichées. La notice ne précise pas la localisation de ces terres.
(13) Mort vers 1149.
(14) Le Breuil, commune de Marennes.
(15) D'après l'abbé Belliard (
Île d'Oléron, notes d'histoire locale, p. 396), qui fait référence à Le Berton de Bonnemie, ce prieuré a été saccagé par les protestants en 1568 et 1584 et un temple a été édifié dans ses préclôtures en 1606.
(16) Abbé Briand,
Histoire de l'Église santone et aunisienne, tome I, p. 407-408, avec texte de l'acte en note.
(17) Pierre II de Soubise (1107-1111) ou Pierre III de Confolens (1111-1122).
(18)
Cartulaire de Notre-Dame de Saintes, n° CCLXXII, p. 175-176.
(19)
Chartes de Notre-Dame de la Garde, n° XXVII, p. 115-116.
(20)
Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome XIX, p. 363-364.
(21)
Ibid., p. 364.
(22)
Ibid., p. 374.
(23)
Ibid., p. 374.
(24) Original au prieuré de Sainte-Gemme, propriété d'Anne Audier.
(25)
Revue de la Saintonge et de l'Aunis, tome XXIII, p. 411; archives de la famille Baudouin de Lauberderie, de Taillebourg. Mauvaise leçon du nom du prieur : Louis de la Frieule.
(26)
Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome XXXIX, p. 340.
(27)
Ibid., tome XIX, p. 374.
(28)
Ibid., p. 374-375.
(29)
Ibid., tome IV, p. 491.
(30)
Revue de la Saintonge et de l'Aunis, tome XXIII, p. 411.
(31)
Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome XIX, p. 365.
(32) Léopold Delisle,
Rouleaux des morts du IXe au XVe siècle, Paris, 1866, p. 390.
(33)
Revue de la Saintonge et de l'Aunis, tome II, p. 118.
(34) Le texte, en latin, comporte le mot
quadriga, qui doit désigner un attelage à quatre boeufs.
(35) Fournier-Guébin,
Enquêtes administratives d'Alfonse de Poitiers, p. 4 et 5.
(36)
Ibid., p. 6.
(37)
Ibid., p. 8.
(38)
Ibid., p. 6.
(39) Gaussin, p. 193 et note 173.
(40)
Ibid., p. 277.
(41)
Ibid., p. 210-211.
(42)
Ibid., p. 419.
(43)
Ibid., p. 275.
(44)
Ibid., p. 471.
(45)
Ibid., p. 454-455.
(46)
Ibid., p. 277.
(47) André Baudrit,
Histoire de Sainte-Gemme (Charente-Inférieure), p. 53.
(48) Georges Thomas,
Cartulaire des comtes de la Marche, p. 46.
(49)
Archives Historiques du Poitou, tome IV (comptes de l'administration d'Alfonse de Poitiers), passim; Fournier-Guébin, Enquêtes administratives d'Alfonse de Poitiers, passim.
(50) Pour une description des lieux, voir Laurent Macé, " Le site archéologique de la Vergne ", dans
Roccafortis, 3e série, tome II, n° 12, septembre 1993, p. 142-151.
(51)
Gallia Christiana, tome II, instrumenta, 477-478.
(52)
Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome IV, p. 487.
(53)
Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome XLV, p. 286.
(54) N° 271, p. 175.
(55)
Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome XXXV, p. 27-30.
(56)
De Puteo Ceco en latin. Original scellé, Arch. nat. J 191, n° 102, publié dans Layettes du trésor des chartes, tome IV, n° 5501.
(57)
Revue de la Saintonge et de l'Aunis, tome XX, p. 250, d'après Cartulaires des prieurés de l'Aureil et de l'Artige, p. 417 (publié par la Société archéologique et historique du Limousin, tome XLVIII).
(58) P. 30, d'après " Archives du parlement de Bordeaux ".
(59)
Revue de la Saintonge et de l'Aunis, tome XXIII, p. 417.
(60)
Revue de la Saintonge et de l'Aunis, tome XIII, 1893, p. 94-98; extrait d'actes notariés.
(61)
Ibid., tome XVI, p. 14.
(62)
Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome II, p. 430.
(63) André Baudrit,
op. cit., p. 103 ; analyses des registres paroissiaux.
(64) Hardouin Fortin de la Hoguette, archevêque de Sens. Dans le mémoire de Bégon sur la Généralité de la Rochelle, la paroisse de Sainte-Gemme est présentée comme " A. M. L'archevêque de Sens "  (
Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome II, p. 117).
(65)
Revue de la Saintonge et de l'Aunis, tome VII, p. 166.
(66) Vraisemblablement donné à la cure, à charge du service ci-dessus.
(67)
Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome XXXV, p. 95-96.
(68)
Revue de la Saintonge et de l'Aunis, tome VII, 1887, p. 174; pièces entrées aux archives départementales.
(69) Dom Étienne Canal souscrit pour une inhumation dans l'église de Sainte-Gemme, le 30 mai 1713 (Baudrit, p. 103). Il est dit " prêtre, religieux profès de l'ordre de Saint-Benoît, sacriste du prieuré de Sainte-Gemme, près Pont-l'Abbé ", quand il prend possession, le 11 juin 1717, du prieuré de Sainte-Gemme, à Saint-Pierre d'Oléron, dont il a été pourvu en cour de Rome (Abbé Belliard,
Île d'Oléron, notes d'histoire locale, p. 396, d'après Bellis, notaire royal). Il est inhumé dans l'église de Sainte-Gemme, le 24 juin 1719, à l'âge de 46 ans (Baudrit, p. 103).
(70) Texte de la lettre reproduit dans Baudrit, p. 58-59.
(71) Le 12 avril 1730, " Valleteau, religieux chambrier de Sainte-Gemme " souscrit un acte de prise d'habit au monastère de Sainte Claire de Saintes (
Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome X, p. 203).
(72)
Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome XXIII, p. 152-155.
(73) P. 59-67.
(74)
Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome XLV, p. 265.
(75)
Revue de la Saintonge et de l'Aunis, tome IV, p. 392-393.
(76)
Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis, tome XIII, p. 383, note 2.
(77)
Ibid., tome XIII, p. 383 et 466-470.
(78)
Revue de la Saintonge et de l'Aunis, tome XVII, p. 284.
(79) " ... C'est en plein hiver, le 28 décembre 1043, que les trois compagnons prirent possession de leur domaine (Gaussin, p. 102, d'après une " tradition casadéenne " mentionnée dans Genoux, 21). Les trois compagnons sont Robert de Turlande et deux chevaliers pénitents, Etienne de Chaliers et un certain Dalmas (p. 100). " Il est regrettable que la charte qui fixa le lieu de la fondation robertienne ne nous soit pas parvenue " (p. 101).
(80) Robert de Turlande est mort à la Chaise-Dieu le 17 avril 1067 (Gaussin, p. 116, qui signale que tous les chroniqueurs sont d'accord sur la date, sauf un qui a donne le 24 avril, confondant sans doute mort et inhumation.
(81) Voir n° 4, la donation de l'église par Rainaud de Doué.
(82) E.-R. Labande, " Pour une image véridique d'Aliénor d'Aquitaine "; dans
Bulletin de la Société des Antiquaires de l'Ouest, 3e trimestre 1952, 4e série, tome II, p. 204-217.

Publié dans la réimpression de André Baudrit, Sainte-Gemme, histoire locale, église, prieuré, aux éditions de la Lucarne Ovale, 1996.