Les dates des assemblées de Chauvigny

 

D'une façon générale, les " assemblées " organisées par les municipalités sont les héritières des fêtes patronales, qui rassemblaient un grand nombre de fidèles dans l'église paroissiale. Ces rassemblements étaient l'occasion de réjouissances sur les places publiques, qui avaient remplacé les cimetières rasés et déplacés, et où s'installaient des petits commerces ambulants. Les assemblées ayant été fixées un dimanche, il avait fallu choisir un dimanche proche de la fête patronale. Comment a-t-on procédé à Chauvigny ?

Pour la commune de Chauvigny, les assemblées se sont tenues en ville basse, où la place ne manquait pas. La saint Just étant le 2 septembre, elles ont été fixées au premier dimanche de septembre ; elles tombent ainsi de temps à autre le jour de la fête patronale ; ce fut le cas en 1890 et 1901. Pour Saint-Martial, la fête du saint étant le 30 juin, on a choisi le premier dimanche après le 24 juin, jour repère des feux de la " jouannée ". Ainsi, l'assemblée a eu lieu le jour de la fête du saint en 1891 et en 1896.

La question est plus complexe pour Saint-Pierre-les-Églises. Pierre Morisset a montré que, jusqu'en 1865, l'assemblée s'est tenue, comme ailleurs, près de l'église paroissiale, sur un terrain communal, loin de toute agglomération, le centre paroissial étant de longue date isolé et en position excentrique dans la circonscription. Une décision du conseil municipal en date du 13 mai 1866 a transféré la manifestation " sur la place du faubourg de l'Aumônerie ", c'est-à-dire dans ce que nous appelons le bourg, qui était devenu centre communal et où les vieux Chauvinois l'ont toujours connue. C'est pourquoi l'assemblée était dite " du bourg ". Les conseillers municipaux avaient aussi prévu un déplacement dans le temps : du dimanche avant l'Assomption au dimanche après cette fête (1). Il ne semble pas que cette disposition ait été appliquée longtemps, si elle l'a été ; toujours est-il qu'en 1930, Pol Jouteau situait " l'assemblée du bourg " " le dimanche qui précède le 15 août " (2).

L'église paroissiale étant dédiée à Saint-Pierre-ès-liens, on ne s'explique pas la référence à l'Assomption, fête de la Vierge. Le déplacement dans le temps n'est cependant pas considérable, la Saint-Pierre-ès-liens étant fêtée le 1er août et l'assemblée pouvant tomber le 9 août. A-t-on cherché à reculer la date pour une raison qui nous échappe ? En 1866, la décision de reporter la manifestation du dimanche avant l'Assomption au dimanche après semble avoir été inspirée par le désir de rapprocher l'assemblée du début des vendanges. Y aurait-il eu auparavant une raison analogue, justifiant un report de quelques jours ? La question est posée. Il faut ajouter que, depuis assez longtemps, il n'est plus question de l'Assomption mais du " 15 août ", jour bien connu parce que chômé. Ainsi, pour les trois anciennes communes, un calendrier " républicain " s'est substitué au calendrier liturgique, mais dans les termes seulement.

 Notes

(1) Le Pays Chauvinois, n° 20, 1981, p. 78.
(2)
Chauvigny les Chauvinois, p. 218.

Texte non publié.