Le cérémonial d'investiture ecclésiastique dans le diocèse de Saintes
aux XVIe et XVIIIe siècles
En 1553, le roi Henri II crée les greffes d'insinuations ecclésiastiques, pour enregistrer les actes relatifs aux nominations, résignations, prises de possession..., concernant les " bénéfices ecclésiastiques ". Il s'agit d'" obvier aux abus, desguisemens et falsifications qui se pourraient commettre en divers contracts, actes et autres instrumens passez entre nos subjets ". L'intérêt des registres de ces greffes est évident pour les chercheurs qui trouvent ainsi réunis des actes qu'autrement il leur faudrait chercher dans divers dépôts d'archives.
Georges Musset a publié un fragment d'un registre de l'année 1565 tenu au greffe des insinuations du diocèse de Saintes, épave qui a conservé le texte de 80 actes (1). Dans sa présentation, il a signalé que ces pièces " contiennent des renseignements curieux tant au point de vue de l'histoire locale que des formulaires des différentes chancelleries au XVIe siècle ". Elles sont également précieuses pour l'étude du cérémonial de prise de possession d'églises, chapelles, abbayes, prieurés ou autres " bénéfices ".
Le cérémonial de prise de possession n'est pas propre à l'Église. Durant " l'ancien régime ", et même encore au XIXe siècle, les notaires ont été sollicités pour constater que des acquéreurs de biens fonciers ont pris possession de leurs acquisitions sans opposition ni contestation de quiconque. Il s'agissait de se prémunir contre une éventuelle intervention tardive d'ayants droit ou se prétendant tels. En présence d'un notaire et de témoins appelés pour la circonstance, l'intéressé faisait un certain nombre de gestes censés signifier qu'il agissait en qualité de propriétaire. Par exemple, pour une maison, il ouvrait la porte, faisait du feu dans la cheminée, s'asseyait à table, buvait et mangeait..., puis refermait la porte à clé ; pour un jardin ou un champ, il le parcourait, remuait de la terre, jetait des pierres, arrachait de l'herbe, cassait des branches... A la fin, le notaire dressait un procès-verbal qui décrivait la scène, mentionnait qu'il n'y avait pas eu d'opposition - le plus souvent - et contenait les noms des témoins.
Les procès-verbaux établis dans les mêmes circonstances pour les bénéfices ecclésiastiques ne se distinguent pas des précédents en ce qui concerne les dépendances des églises : maisons presbytérales, prieurés, abbayes, jardins, champs, voire salines. Mais, pour la prise en charge des églises elles-mêmes, ils font connaître le cérémonial qui était prévu par les autorités ecclésiastiques compétentes, ce qui est particulièrement intéressant lorsque les statuts synodaux nous sont inconnus. Ils sont ainsi précieux pour la seconde moitié du XVIe siècle, période particulièrement troublée pour l'Église, au cours de laquelle celle-ci a perdu une bonne part de ses archives.
Pour donner une idée de la procédure, nous résumons un procès-verbal du 18 juillet 1565, relatif à l'abbaye de Bassac (Charente), qui montre qu'une prise de possession pouvait rencontrer des obstacles, puisque celle-ci s'est limitée au toucher des portes du monastère.
Au vu de lettres royales datées du 5 juin 1565, le pape Pie IV accorde la commende de l'abbaye de Fontdouce, vacante par le décès de Charles de Livène, à Charles de Bourbon, cardinal, afin de lui procurer les ressources nécessaires à la tenue de son rang. Pour prendre possession, celui-ci désigne un procureur qui se présente à l'abbaye, le 18 juillet suivant, muni des " lettres de provision " qu'il présente à un notaire apostolique convoqué à cet effet, en présence d'une dizaine de témoins. Le procureur frappe à plusieurs reprises aux deux portes closes de l'abbaye, sans obtenir aucune réponse des moines, dont certains sont aux fenêtres et d'autres sont aperçus dans l'aire à battre le blé. Malgré la mauvaise volonté évidente des occupants, qui ont dû être prévenus, le procureur demande au notaire de le mettre en possession, par le seul toucher des portes. Celui-ci obtempère et mentionne, sans humour, semble-t-il, qu'il n'y a eu aucun opposant ou " contredisant " (p. 313-315).
Cependant, dans la plupart des cas, le cérémonial prévu pouvait s'accomplir de bout en bout. Nous présentons donc ce cérémonial par des extraits qui consignent les gestes symboliques et actions du nouveau titulaire du bénéfice.
14 mai 1565 - cure de Saint-Martin de Petit-Niort (commune de Mirambeau, Charente-Maritime)
" par l'atouchement du barrouil de ladicte porte [la grande porte de l'église paroissiale], entrée d'icelle, aspersion de l'eau benoiste, osculation du mestre autel, baisement du livre missel, pulsation des campaines [cloches] et par les entrées et intructions (sic) des maisons presbitérales, et autres solempnitez ad ce requises gardées et observées... " (p. 342).
4 juin 1565 - cure de Brie-sous-Chalais (Charente)
" par l'antré de la grand porte de ladite église et touchement du carrouil de ladite porte, aspersion de l'eau benoiste et baisement de l'autel et son de cloches et autres solemnitez en tel cas requises... " (p. 346).
18 juin 1565 - commanderie de Saint-Antoine de Boutiers (canton de Cognac, Charente)
" par le touchement du varrouil de la porte de ladicte église, entrée d'icelle, obsculation du grand autel, révollution du messel estant sur le grand autel, aspertion d'eau benoiste, son des cloches, entrées des maisons de ladicte commanderie, le tout sans nul contredict et empeschement d'aulcune personne... " (p.276).
27 juin 1565 - prieuré de Saint-Nicolas de Mornac et son annexe de Saint-Pierre de Mornac (Charente-Maritime).
par " entrée et yssue du temple dudit Sainct-Nicolas, visitation des maisons dudict prieuré, jardrins et autres ses appartenances, et finablement par l'atouchement du barrouil du temple dudict Sainct-Pierre de Mornac, ouquel n'avons peu entrer d'aultant quoy ne sceut tourner les clefz d'icelluy temple, le tout sans contredict ni opposition de personne " (p. 272-273).
4 juillet 1565 - prieuré de Saint-Vincent d'Epargnes (canton de Cozes, Charente-Maritime)
" par l'attouchement du barrouil ou terrail de la grand porte de l'église d'Espergne, entrées et yssues d'icelle, aspertion de l'eau benoiste, baisement du grand autel, atouchement et ouverture du livre missel, visitation des lieux du sacraire et fons baptismaulx, sonnement des cloches et autres solennités, par les entrées et yssues des maisons dudict prieuré et cure, ouvert et fermé les portes dudict lieu et maison, beu et mangé en icelle et délivré les clefz à maistre Anthoine Portier, prestre, et icellui commis pour faire le service divin et administrer les sacrementz en ladicte église... " (p. 279).
13 juillet 1565 - cure de Sainte-Lheurine (canton d'Archiac, Charente-Maritime)
" par l'entrée de ladicte églize, touchement du varrouilh de la porte, aspertion de l'eau benoiste, baisement du grand autel, touchement du sacraire, ouverture du livre missel, pulsation des cloches, entrées et yssues des maisons presbitéralles, sans aulcuns empeschemens ne contredict de ce... " (p. 295).
16 juillet 1565 - cure de Saint-Maurice de Mainxe (canton de Segonzac, Charente)
" per tactum vectis, majoris porte ingressum, pulsativum campanarum, osculum majoris altaris et regressum dicte ecclesie, necnon per ingressum et regressum domorum presbiteralium ejusdem " : " par attouchement du verrou, entrée par la grande porte, mise en branle des cloches, baisement du grand autel et sortie de la dite église, et aussi par entrée et sortie des maisons presbytérales de celle-ci " (p. 318).
17 juillet 1565 - cure de Notre-Dame de Brie-sous-Archiac (Charente-Maritime)
" par l'atouchement de la petite porte d'icelle église, ouverture et entrée d'icelle, par aspertion de l'eau benoiste, atouchement du livre missel, atouchement et baiser de l'autel, sonnant la cloche, par la visitation des fons baptismaux et atouchement de la porte de la maison presbitéralle, avecques toutes les autres solempnités requises en tel cas... " (p. 323).
22 juillet 1565 - archiprêtré de Taillebourg (Charente-Maritime) et son annexe de Saint-Médard d'Asnières
" par l'ouverture de la porte de ladicte chapelle [de Saint-Pierre de Taillebourg], entrée et ambulacion en icelle, à quoy personne n'a contredict... et par amprès, mesme jour, icelluy archipresbvre se transporta au lieu d'Asnières et à l'église et annexe dudit archepreveré, où estant, devant la grand porte d'icelle esglize, me requis semblablement que eusse à le mectre et induire en la possession d'icelle dicte annexe ... ce que je fys..., par le touchement du varouilh de la grand porte, laquelle estoit très fermée, l'ouverture de laquelle maistre Roger du Chastenet, présent, empesche et s'oppose à ladicte possession, pour et au nom de maistre Jean Cattier ; et de faict print entre les mains de moy, dict notaire, ung papier où voulloit escripre les noms des assistans que ledict du Chastenet rompit et sans que je employasse cella en mon acte de possession et fit retirer plusieurs personnes que ledict Brochereulx [le nouvel archiprêtre] avait appellé pour luy servir de tesmoings... " (p.335-336).
22 juillet 1565 - prieuré de Saint-Savin de Taillebourg (Charente-Maritime)
" par l'entrée et yssue dudict prieuré, église et maison prieuralle d'icellui et autres solempnitez en tel cas requises... " (p.343).
22 juillet 1565 - chapellenie en l'église paroissiale Saint-Pierre de Salles, en Marennes (aujourd'hui Marennes, Charente-Maritime)
" par l'antrée de ladicte église, baisement du grand autel, et par s'estre transporté [dans des marais salants dépendant de la chapelle]... tiré du seel desdictz marois et en avoir recuilly et emporté... " (p. 352).
Bien que certains procès-verbaux soient laconiques et résument par la formule " et autres solennités en tel cas requises ", on constate le rôle éminent du geste symbolique : attouchement (du verrou ou de la porte, de l'autel, du missel, du tabernacle) ; baisement (de l'autel) ; ouverture (du missel). Quant aux cloches, il n'est pas question de les toucher et la sonnerie ne sera prise en charge par le prêtre que ce jour-là.
Il est évident que, dans le cérémonial, le verrou symbolise l'ensemble du bâtiment, église ou maison. On retrouve cette signification dans l'expression " Tu n'emporteras pas l'coureil de la porte ", que Beauchet-Filleau a signalée dans son Essai sur le patois poitevin : " locution dont on se sert comme reproche et moquerie vis-à-vis d'un domestique qui prend trop chaudement les intérêts de son maître, pour exprimer qu'il n'emportera pas la maison en changeant de condition, qu'il n'en sera pas plus riche ni plus considéré " (p. 73).
D'autre part, l'abbé Lalanne a signalé dans son Glossaire du patois poitevin, à l'article " coureil, s.m., verrou " : " La prise de possession de l'office de chevecière de l'abbaye de la Trinité de Poitiers était constatée " per apprehensionem vectis seu corellii majoris altaris " [par attouchement du verrou ou coureil du grand autel] (d'après un texte de 1503). Bien que de signification quelque peu différente, ce symbolisme se rattache à celui des prises de possession de cures.
Ces observations remettent en cause une interprétation par quelques folkloristes de l'attouchement du verrou ou du loquet de certaines églises par des filles à marier. Ainsi Van Gennep voit un symbolisme phallique dans le geste des jeunes filles de Provins qui " remuaient le loquet de la porte de la chapelle de Saint-Nicolas en disant : Saint Nicolas, saint Nicolas, mariez vos filles, ne m'oubliez pas ! " (2). Pour notre région, Marc Leproux a cité quelques églises ou chapelles dont les jeunes filles désireuses de se marier " touchaient le verrou " : la chapelle Saint-Roch à Angoulême, l'église Saint-Sébastien à la Rochette (Charente), la chapelle de Négret à Saint-Claud (Charente), la chapelle dite de Chabossant, à Saint-Coutant, dédiée à saint Pierre et saint Paul (Charente) (3). Il ne s'est cependant pas prononcé sur la signification primitive du geste. Plus récemment, Charly Grenon a clairement pris parti pour le symbolisme phallique (4).
La question mériterait une plus ample recherche. Il faudrait voir si une pratique analogue n'existait pas pour les portes des jeunes gens à marier, à une époque où le mariage signifiait l'entrée d'une fille dans la famille et la maison de son mari. Nous nous limiterons à cette remarque, notre propos n'étant pas d'expliquer mais de contribuer à la documentation.
Au XVIIIe siècle, le symbolisme est en recul au profit du geste authentique. Il n'est plus question du verrou, l'eau bénite est présentée aux assistants, en un geste courant. Le baisement de l'autel s'accompagne d'une prière ; au lieu d'être simplement touché, ouvert ou feuilleté, le missel est utilisé pour y lire l'évangile du jour. On ne se contente plus de gestes : le récipiendaire déclare à haute et intelligible voix qu'il a pris possession. Voici quelques extraits de cette période, y compris d'actes concernant des édifices de culte désaffectés, en ruines ou disparus. On verra que le cérémonial est alors analogue à celui d'une prise de possession de bien foncier.
18 décembre 1705 - prieuré de Saint-Pierre de Soubise (Charente-Maritime)
" ...estant au devant de la porte de ladite église, le dit sieur Morlays [qui prend possession] se serait fait présenter les clefs de la dite église, estant revêtu de surplis et estolle, et ayant ouvert la porte de la dite église il aurait entré en ycelle, aurait pris de l'eau bénite et en aurait présenté aux assistants, ensuite il serait allé devant le grand autel et s'est prosterné à genoux devant yceluy et aprais avoir fait sa prière, il a monté au dit autel et ouvert et touché le tabernacle et les vases sacrés qui sont en ycelui et ouvert le missel et lhu dans ycelui l'évangille du jour, ensuite il a ouvert la sacristie, entré et aprais cela il serait allé au choeur et se serait assis dans la place du prieur, aurait ouvert les livres et chanté dans isseux [ceux-ci]. Ensuite il aurait esté aux fonts baptismaux, ouvert et fermé isseux, sonné la cloche, et estant sorti et entré dans le cimetière, il aurait arraché des herbes, remué des pierres et déclaré hautement qu'il prenait possession du dit prieuré et de toutes ses appartenances et dépendances sans réserve.
Ensuite de quoy aussi il aurait été dans la maison prieuralle de laquelle il a ouvert et fermé les portes et fait du feu dans ycelle, aprais quoy il s'est transporté dans le jardin du dit prieuré, y a pareillement arraché les herbes, remué de la terre, rompu des branches et fait tous les signes d'une véritable et légitime possession, sans que personne si soit opposé ;
Attendu moy, dit notaire, ay mis et estably le dit sieur Morlays en possession corporelle, réhelle et actuelle du dit prieuré et de toutes ses circonstances et dépendances sans réserve. De quoy il a requis acte, que luy ai octroyé. " (E.-A.Mageau, Soubise, Une page d'histoire locale, p. 139-140).
6 mars 1717 - prieuré de la Pommeraie, ordre de Saint-Benoît, en la paroisse de Saint-Sorlin-de-Seschaud (aujourd'hui commune de Port-d'Envaux, canton de Saint-Porchaire, Charente-Maritime)
Le procureur du titulaire se transporte " sur une piesse de terre, laquelle est dhomaine dudit prieuré, enblavée de blé mesture, où nous y aurions treuvé un gros monseaux ou muriau de pierre que l'on dit avoir esté les vestiges de la chapelle dudit prieuré, où ledit sieur du Caurroy [le procureur] auroit pris des pierres desdits vestiges, amassé de la terre, araché de l'herbe, rompu des branches d'arbres et le tout jetté çà et là... " (Archives Historiques de Saintonge et d'Aunis, tome III, p. 77).
22 juillet 1717 - prieuré de Saint-Eutrope de Saintes (Charente-Maritime)
" et estant arivez à la grande porte d'église monacalle dudit prieuré, ledit sieur du Cauroy [titulaire] en a fait ouverture, pris de l'eau béniste, s'est mis à genoux et fait sa prière et, s'estant rellevé, s'est acheminé au grand autel, a icelluy baisé, ouvert le tabernacle, touché les vases sacrés, leu dans le missel l'évangile du jour ; ensuite de quoy s'est allé soir dans la place ordinaire du prieur et puis s'est acheminé sous le clocher et y a sonné les cloches ; et, après estre sorty de ladite église, ledit du Cauroy auroit fait ouverture des portes des chambres et salles dépandant dudit prieuré, et ycelles fermées, après s'y estre promené çà et là ; et ensuite sommes descendus en le jardin dudit prieuré où ledit sieur du Cauroy y a cassé des branches d'arbres et arraché de l'herbe, ayant fait le tout au veu et ceu de tous ceux qui le l'ont voulu voir et sçavoir ; et a desclaré à haute voix qu'il prenoit possession dudit prieuré de Saint-Eutrope et de tous les fruits, profits, revenus et esmollumens en dépendant, sans que, en se faisant, il s'y soit trouvé aucuns oposant ou contredisant... " (Ibid., p. 80).
23 mars 1740 - prieuré de Saint-Macou (faubourg de Saintes) et son annexe de Saint-Georges-des-Coteaux (Charente-Maritime)
" ... Nous avons été au lieu où autrefois étoit l'église dudit lieu sans qu'il y paroisse à présent aucun vestige de muraille, et seullement une grosse pierre de la longueur de six à sept pieds et trois à quatre de largeur, sur laquel on nous a dit qu'on célébroit autrefois la sainte messe, et une autre pierre élognée de celle-là d'environ trente à quarante pieds, que l'on nous a dit estre le bénitier ; autour de quoy est un lieu abandonné qu'on nomme encore à présent le simetère de Saint-Macoul, où il y a quelques tombes et une croix de pierre ; dans lesquels lieux ledit seigneur Daubourg [titulaire] c'est promené, arraché de l'herbe, rompu des brens (sic) d'arbres qui sont autour, a jetté des pierres, le tout en signe de possession, sans que personne s'y soit opposé, ayant crié à haute voix que le seigneur Daubourg prenoit possession dudit prieuré de Saint-Macoul.
[Ensuite transport des intéressés au bourg de Saint-Georges-des-Coteaux] : " ... où étant, sommes allés au devant de la grande porte et principalle entrée de ladite église. Ledit seigneur Daubourg l'a ouverte et fermée et été au devant du grand hostel où il c'est mis à genoux ; s'étant levé, a baisé ledit hostel, ensuite a sonné la cloche, ayant dit et déclaré en lesdits lieux à haute et intelligible voix que ledit seigneur Daubourg prenoit possession dudit prieuré de Saint-Macoul... " (Ibid., p. 177-178).
14 mars 1731 - abbaye royale de Saint-Etienne de Bassac (Charente)
" par l'antrée de la grande porte de laditte église abbatiale, aspersion d'o bénite, adoration du trais saint et adorable sacrement de l'hostel et baisement du maistre autel, où ledit dom révérand Palerne [procureur du titulaire] c'est mis à genoux pour faire sa prière, a ouvert le missel, leu dedans, au son de toutes les cloches ; et ensuite est allé au coeur et c'est plascé dans le siège où les seigneurs abbés ont accoustumé de ce placer et l'a occupé en observant toutes les autres cérémonies en tel cas requises et, estant là, ledit révérand père dom Jean Eirolles [sous-prieur du monastère] a publié à haute et intelligible voix à tous les assistans que ledit révérand père dom Jean-Baptiste Palerne a été mis en pocession de laditte abbaye comme procureur exprès de messire Paul Alain de Lavigerie, laquelle publication a esté réitérée au devant de la grande porte de laditte églize par moi, dit notaire, à ce que personne n'en puisse prétendre cause d'ignorance, sans que personne se soit prézanté pour mettre aucune sorte d'oposition... " (Ibid., tome XXIII, 1894, p. 321-322).
22 juin 1733 - office de réfectorier de l'abbaye de Saint-Etienne de Baignes (Charente) et du prieuré de Saint-Eutrope de Muraud son annexe
" ... et estant entrés dans ladite église, en présance de ..., a pris de l'eau bénite, ouvert et fermé la porte de ladite église, fait sonner la cloche de ladite église, promené dans icelle, disant à haute voye qu'il prenoit possession de ladite place et prieuré dudit Muraud y annexée... " (Ibid., p. 323-324).
14 juin 1749 - cure de Saint-Romain de Triac (Charente)
" ... nous sommes entrés en ladite églize par la grande porte, principalle entrée d'ycelle ; ledit sieur Teullier [titulaire] a esté prendre de l'eau bénite au bénitier qui est dans ladite église en entrant à droite, et ensuite, estant accompagné des notaires soussignés, est allé se prosterner au devant le maître autel où il s'est mis à genoux et y a fait sa prière, pendant laquelle le sacristain de ladite églize et paroisse de Saint-Romain dudit Triat a sonné la clauche, au son de laquelle sont venus plusieurs paroissiens de ladite églize. Et estant ledit sieur Teullier relevé, il s'est fait apporter le missel qu'il avoit mis sur l'hautel, ensuite ouvert et mis la main sur les évangilles en signe d'une véritable possession. Ayant aussy entré dans la sacristie, il s'est fait présenter les ornemens et vases sacrés servant à ladite églize, s'est promené dans tous les endroits d'ycelles ainsi que dans la cour, chaix, galleries, caves, maison presbitéralles, prés et jardins et despendances, de tout quoy ledit sieur Teullier entend prendre possession réelle, corporelle et actuelle... " (Ibid., p. 325).
17 avril 1791 - cure de Saint-Léger (canton de Pons, Charente-Maritime).
La nomination du curé est faite par l'évêque constitutionnel et la prise de possession est constatée par le maire, en présence de " la majeure partie des habitants " de la paroisse. L'acte est transcrit au registre municipal.
" ... nous, maire et officiers municipaux de la paroisse de Saint-Léger... avons mis le sieur Planier ... en possession d'icelle, actuelle et corporelle de laditte cure et églize paroissiale dudit Saint-Léger, pour (sic) la libre entrée de laditte églize, prise d'eau bénite, prière à Dieu devant le grand hautel, touchés du peupitre, ensencé en sa place rectoralle, visitation des fonds baptismaux et par les autres sérémonies en tel cas requises et acoutumée, à laquelle prise de possession lue et publiée à haute voye par nous, maire et officiers municipaux dudit Saint-Léger, personne ne s'y en (sic) opposé ... et nous nous serions tous transportés en la maison presbitéralle dudit Saint-Léger et, y étant entrés, ledit sieur Planier y aurait aussi pris la possession réelle, actuelle et corporelle, pour y avoir alumé du feu, gencé la place, promené dans le haut et bas de laditte maison, écurie, cave, jardin et autres lieux dépendant de laditte maison presbitéralle, pour avoir ycelui dit sieur Planier arraché de l'herbe, amassé des pierres... " (Revue de Saintonge et d'Aunis, tome XXII, 1902, p. 304).
Pour terminer et à titre de comparaison, voici un extrait des Statuts synodaux du diocèse de la Rochelle et Saintes, publiés à la Rochelle en 1888 (Annexes B, p. 11).
" Cérémonie de l'installation d'un curé
" ... Puis, le nouveau curé, ayant toujours le délégué à sa droite, monte à l'autel, reçoit la clef du tabernacle, qu'il ouvre, se prosterne à deux genoux pour adorer un instant le Saint-Sacrement ; puis, s'étant relevé, il referme le tabernacle.
Il va alors au côté de l'épître, au missel, et chante l'oraison du patron de la paroisse ; il revient au milieu de l'autel, fait une inclination au tabernacle et descend au bas des degrés, où il fait la génuflexion.
Ensuite, précédé de la croix qu'accompagnent les deux acolytes avec leurs cierges, il est conduit par le délégué successivement : - à la stalle qu'il doit occuper au choeur - à la porte de l'église, dont il reçoit les clefs, et qu'il doit fermer et ouvrir - à la cloche, dont il sonne quelques coups - au confessionnal, où il s'assied - en chaire, d'où il adresse une exhortation à ses paroissiens. Le délégué, avec la croix et les acolytes, rentre alors au choeur... "
Notes
(1) Dans le tome XXXV (année 1905) des Archives Historiques de la Saintonge et de l'Aunis.
(2) Van Gennep, Manuel de folklore français contemporain, tome premier, volume 1, p. 244, d'après Sébillot, numéro 233, t. IV, p.138-139, " qui signale divers cas du symbolisme phallique du verrou ".
(3) Leproux Marc, Dévotions et saints guérisseurs, P.U.F., 1957, p. 117-118, 231, 189, 237.
(4) Grenon Charly, " Éros dans le folklore, la tradition du verrou ", dans Aguiaine, revue de la Société d'Études Folklorique de Centre-Ouest, tome XIV, 5e livraison, n° 100, septembre-octobre 1980, p.317.
Publié dans Aguaine, revue de la Société d'Études Folkloriques du Centre-Ouest, tome XXIV, n° 3, mai-juin 1992, p. 179-188.