DOCUMENTS SUR LES FOIRES ET MARCHÉS DANS LE DIOCÈSE DE SAINTES

 

Marché ou foire à Arvert

- 13 octobre 1258 : le chapelain de Saint-Étienne d'Arvert concède à un homme "de son église de Saint Étienne", un ménil contigu à la maison d'un prêtre défunt, dans lequel se tenait autrefois un marché [ou une foire] "de coutume" (Archives Hist. Saintonge et Aunis, tome VII, 1880, p. 8).

Foires et marchés d'Authon

- 24 octobre 1584 : procès-verbal de l'installation de quatre foires par an et un marché par semaine à Authon.

Ce procès-verbal est dressé par un commis du lieutenant général du roi des marchands et merciers du royaume de France dans les pays d'Angoumois, Saintonge, Aunis, ville et gouvernement de la Rochelle "et pays circonvoisins et adjacents".

Le samedi 20 octobre 1584, jour de marché à Saint-Jean-d'Angély, vers dix heures du matin, le commis a fait crier et proclamer par la voix du trompette juré et ordinaire de la ville de Saint-Jean-d'Angély que, par lettres patentes données à Saint-Germain-en-Laye en novembre 1583, le roi a octroyé au seigneur d'Authon quatre foires par an et un marché chaque semaine, savoir les foires le 8 décembre, le 2 février, le lundi de Pâques et aux octaves de la Fête Dieu, et le marché chaque mercredi. Il a été permis à tous marchands vendant et achetant et faisant trafic de toutes sortes de marchandises, d'aller et venir les dits jours de foires et marchés, librement et paisiblement, sans contredit ni empêchement, suivant la volonté de sa majesté. Le trompette a laissé des copies de sa proclamation " contre " le poteau de la halle de la ville de Saint-Jean et les autres poteaux de la ville.

Le mardi 23 octobre, le dit commis du lieutenant général des marchands et merciers du royaume, s'est transporté de la ville de Saint-Jean, sa résidence, au bourg d'Authon, assisté de plusieurs notables marchands et merciers de cette ville et d'un trompette. Le lendemain, mercredi 24, vers les huit à neuf heures du matin, le seigneur d'Authon s'est présenté devant lui et l'a sommé de mettre à exécution les lettres patentes du roi. Le commis a demandé au seigneur de lui montrer une place où dresser une halle suffisante pour abriter les marchands de draps, merceries, toiles, drogueries et autres marchandises. Le seigneur l'a conduit, avec sa suite de marchands, sur une place du bourg "quelque peu loin du temple dudit lieu", place préparée pour y édifier une halle couverte de "thiuble" [tuiles], de la longueur de huit piliers de chaque côté. Il a promis de faire dresser cette halle "bien et convenablement", de la longueur prévue, ainsi que ladite place a été bornée, dans le délai d'un an, à peine de déchéance de ses droits de foires et marchés. Ensuite le sieur d'Authon a conduit le commis et les marchands en une autre place, située "entre l'orme et la rivière", audit bourg d'Authon, qu'il a présentée comme apte à recevoir le bétail, "soient boeufs, chevaux, juments, pourceaux, brebis, etc.". Il leur a demandé si la halle et la place seraient suffisants pour la tenue des foires et marchés et les a requis de lui fixer les droits qu'il pourrait percevoir sur les marchands "vendeurs et débitants de marchandises", les jours de foires et marchés.

Le seigneur s'est alors retiré dans son château tandis que commis et marchands se réunissaient dans une maison du bourg pour fixer ces droits. Puis il est revenu à eux pour s'enquérir de leur décision. Alors le commis est sorti, monté sur un cheval, s'est placé sous un pavillon dressé à cet effet, porté par quatre marchands à cheval, et il s'est rendu à la place de la future halle, accompagné d'un trompette et suivi du cortège des marchands. Là, après plusieurs sonneries de trompette, il a fait lire les lettres patentes du roi, l'ordonnance des gens du roi au siège de Saint-Jean-d'Angély relative à ces lettres, et le tarif des droits de foires et marchés, auquel ont consenti tous les marchands présents, de la paroisse d'Authon et d'autres paroisses, voisines ou lointaines.

Ce fait, le commis a mis le seigneur en possession des quatre foires et du marché hebdomadaire, le premier marché étant ce mercredi 24 octobre. Attendu qu'il n'y a eu aucun opposant, il a fait "inhibitions et défenses", de par le roi, à toute personne, de quelque état, qualité et condition qu'elle soit, de troubler et empêcher le seigneur en la jouissance des dits foires et marchés, aux peines de cent marcs d'or et autres que de droit, avec permission à tous marchands, de quelque qualité qu'ils soient, d'aller, venir et séjourner pour faire leur trafic de marchandises dans les dits foires et marchés. Plusieurs sonneries de trompette ont alors retenti et il a été répandu, en signe de largesse pour l'octroi de ces foires et marchés, plusieurs pièces de monnaie de la dite majesté, avec plusieurs "épiceries", tant en ladite place de la halle que par les rues du bourg d'Authon.

Le seigneur a requis du commis acte de la "levée" et de la prise de possession des quatre foires et marchés. Quelques marchands ont installé le jour même leurs marchandises en la place de la halle. Le commis a fait de nouveau sonner la trompette à plusieurs reprises et lire les lettres patentes, afin que personne ne prétende les ignorer (Archives Hist. Saintonge et Aunis, tome XL, 1910, p. 437-444).

Foires et marchés de Fontaines-d'Ozillac (canton de Jonzac)

- 1599 : procès-verbal de la mise en possession réelle de François de Polignac, seigneur de Fontaines, du droit de foires et marchés au bourg de Fontaines. La copie du document qui nous est parvenue est incomplète : il manque la qualité exacte du personnage qui a procédé à l'installation et a rédigé le procès-verbal. On voit seulement qu'il est "lieutenant". Nous le désignons ainsi dans notre analyse.

Le seigneur de Fontaines, François de Polignac, a obtenu du sénéchal de Saintonge une vérification de lettres patentes obtenues en 1483 du roi Charles VIII par son bisaïeul, Jean de Polignac, octroyant à ce dernier des foires et marchés dans le bourg de Fontaines. Il a requis le lieutenant, en déclarant qu'il avait tout préparé pour le cérémonial de mise en possession. Il a ainsi présenté un pavillon de taffetas orangé, une écharpe de taffetas, une bourse de velours dans laquelle il y avait de l'or et de l'argent, une douzaine d'aiguillettes et une paire de gants, un boeuf gras couvert d'un tapis de drap vert, douze torches de cire jaune "avec ses armes attachées tout contre". Le lieutenant a fait porter et conduire choses et animal en une maison du bourg de Fontaines. Dans cette maison il a assemblé un grand nombre de marchands pour une enquête de commodo et incommodo. Le procureur fiscal de la châtellenie a assisté aux débats et présenté les "lettres" et le procès-verbal des publications faites pour l'établissement des dites foires, dans les villes de Saintes, Pons, Barbezieux et autres lieux. En sa présence, tous les marchands, "d'une commune voix", ont estimé que les six foires et marchés portés par les "lettres" étaient "convenables audit lieu pour le profit et commodité des marchands dudit pays". Ensuite le procureur fiscal a requis le lieutenant de vouloir bien procéder à l'établissement des foires et marchés et mettre le sieur de Fontaines en possession réelle.

Sur quoi le lieutenant a fait "de nouveau publier à son de trompe par un sergent royal et mettre par affiches au poteau de Fontaines, qu'il était audit lieu exprès pour ledit établissement, afin que personne ne prétende l'ignorer, et fait assigner l'heure dudit établissement à huit heures attendant neuf". A l'heure dite, il a fait sortir de la maison le boeuf et le pavillon, qui ont été conduits au champ de foire et à la halle nouvellement bâtie, suivis par deux cents marchands et plus, tant des lieux de Jonzac, Barbezieux, Archiac, Pons qu'autres lieux et même de Saint-Maigrin. Le seigneur de Fontaines les y attendait, accompagné de ses enfants et d'un grand nombre d'autres gentilshommes. Là, il a de nouveau requis le lieutenant de le mettre en possession réelle des foires et marchés. Sur quoi, le lieutenant a fait sonner la trompette par trois "et dernières" fois et il a fait lire et publier, mot à mot, par le bourg, les lettres patentes et la vérification de ces lettres.

Les foires ont été fixées, la première à la saint Luc prochaine, la seconde au jour de la fête des Innocents, la troisième au jour de la fête de saint Mathias, la quatrième au jour de Sainte Croix, au mois de mai, la cinquième au jour de la fête de saint Pierre et de saint Paul, au mois de juin, et la sixième d'aujourd'hui en un an, au jour de la fête de saint Laurent. Les marchés et minages commenceront samedi prochain, "à continuer dorénavant et perpétuellement". Il ne s'est trouvé personne pour s'opposer. Et, "pour l'ouverture desdites foires, marchés et minages", le lieutenant a ouvert la bourse présentée par ledit seigneur et a répandu "à travers le peuple" l'or et l'argent trouvé dedans, en signe de la libéralité dudit seigneur, en présence de deux mille personnes ou plus. Tous les tenanciers et habitants de la seigneurie de Fontaines sont tenus d'envoyer une personne par maison audit marché pour y vendre toutes sortes de denrées qu'ils auraient à vendre, sous peine d'un écu d'amende contre chacun des défaillants (Archives Hist. Saintonge et Aunis, tome XX, 1892, p. 339-344).

Foires et marchés de Jonzac

- Date incertaine : le lieutenant général du roi des merciers pour le duché de Guyenne, en vertu des pouvoirs que lui confère son titre, accorde à Renaud de Sainte-Maure, seigneur de Jonzac, la permission de rétablir les foires du lieu. Il s'est transporté à Jonzac pour s'enquérir des droits du seigneur à tenir des foires, par examen d'hommages, de "lettres" anciennes et par dépositions de témoins. Il a ainsi appris que, "audit lieu de Jonzac, a acoutumé avoir de toute ancienneté" six foires par an et un marché par semaine. Les foires auront lieu, comme de coutume, à la saint André, à la saint Mathieu, le jour de la conversion de saint Paul, à la Mi-Carême, à la fête de saint Jean Porte Latine et à la saint Christophe. Les marchés se tiendront chaque vendredi. Si un différend surgissait entre les compagnons merciers, au sujet de l'office de mercerie seulement, il en aurait la connaissance en sa cour. S'il y avait une amende, il en aurait la moitié, l'autre moitié revenant au seigneur. Ce dernier lui a payé ce qu'il lui devait pour son office, ainsi qu'aux compagnons et merciers du métier. L'acte est rédigé en présence de plus de vingt "merciers et marchands" assermentés "dudit métier de mercerie", et daté du jour de la foire de la Mi-Carême, 26 mars 1473 (Archives Hist. Saintonge et Aunis, tome XX, 1892, p. 232-235).

Cette date fait difficulté. Au Moyen Âge on fêtait la Mi-Carême le 4e dimanche de Carême. En 1473, le 26 mars est un vendredi, en 1474 un samedi, en 1475 un dimanche mais c'est alors le jour de Pâques.

Foire du bourg de l'Hôpital Neuf à Pons

- Le 1er janvier 1287, Hélie Rudel, seigneur de Pons et de Montignac, définit les droits de juridiction du seigneur de Pons et du prieur de l'Hôpital Neuf, sur la foire que ses ancêtres ont accordée à l'Hôpital Neuf dans le "bourg" de cet établissement. Cette foire se tenait chaque année le dimanche après l'Assomption et elle se tient alors le jour de l'exaltation de la Sainte Croix. Le sergent laïc qui portera la bourse du prieur et des frères pour percevoir leurs droits de "vente" portera également la bourse du seigneur pour percevoir son droit de "vente" sur les ânes (Archives Hist. Saintonge et Aunis, tome IX, 1881, p. 45-47).

Foires de Saintes

- Le 3 juin 1615, Jean Toreau, de la paroisse de Fontcouverte, promet de donner à Jean Herpin, avocat du roi au présidial de Saintes, "un boeuf de tire de mesme bonté et valleur que celuy que ledit Toreau a faict escorner ce jourd'huy sur le pont de ladite ville, appartenant audit Herpin, dans mercredy prochain, jour de foire" (Ch. Dangibeaud, "Saintes ancienne", dans Revue de la Saintonge et de l'Aunis, tome XXV, 1905, p. 97).
Le 3 juin 1615 est un mercredi. La Pentecôte est le dimanche suivant, 7 juin. Le jour de foire est donc le mercredi après la Pentecôte.

- Les registres du présidial de Saintes indiquent, à l'année 1726, qu'il y a un seul jour de foire à Saintes, le mercredi après la Pentecôte (Ibid., même page).

- En 1839, il y a des foires mensuelles, le premier lundi de chaque mois (Gautier, Statistique du département de la Charente-Inférieure, 1839, 2e partie, p. 118).

La "Saint Eutrope" à Saintes

C'est une fête paroissiale. La commune de Saintes se compose de plusieurs anciennes paroisses dont celle de Saint-Eutrope.

- "Le grand fauxbourg de Saint-Eutrope renferme un prieuré de l'ordre de Saint-Benoît... Il est très peuplé car il donne les maîtrises aux artisans et ouvriers... Dans la basse église se trouve [sic] les restes du tombeau de saint Eutrope, apostre des Saintongeois, composé de gros quartiers de pierre renfermés par une grille de fer. Ont racle ces pierres pour la guérison des fièvres. Ce fauxbourg a une célèbre foire à la fin du mois de mais, où tous les peuples des environs acourent" (Relation d'un voyage par Louis de Chancel de Lagrange, rédigée en 1739; dans Revue de la Saintonge et de l'Aunis, tome XXXIV, 1914, p. 312).

- "Chaque année, le 30 Avril [jour de la saint Eutrope] ramène la fête patronale de Saintes. Eutrope et Eustelle se partagent les honneurs de cette solennité. Outre les cérémonies de l'église qui confond, dans ses prières, la sainte et le martyr, des réjouissances publiques attirent encore dans la ville les populations environnantes. Saintes se dédommage, ce jour-là, de l'isolement où elle vit le reste de l'année. C'est partout un tonnerre assourdissant de parades et de fanfares, un brouhaha confus de ménétriers, d'empiriques et de bateleurs se disputant l'argent de la foule qui inonde les rues et les place publiques.

Pour Eustelle, autant les hommages rendus à son maître sont fous et bruyans, autant ceux dont elle est l'objet sont mystérieux et tendres. Car la source qui lui est consacrée a la vertu de féconder les épouses stériles et de procurer aux jeunes filles des époux selon leur coeur.

Dès le matin de la fête, une image de Sainte-Eustelle est appendue au fond de la grotte, et une vieille femme, pour quelque monnaie, distribue, à tout venant, l'onde miraculeuse. Elle vous racontera même, si vous le désirez, la légende de la sainte, et vous dira comment, chaque nuit qui précède le jour de sa fête, Eustelle vient se laver les pieds à la fontaine, comment on a vu maintes fois son ombre mystérieuse enveloppée d'un long voile blanc, cheminer lentement depuis la source jusqu'à l'église de Saint-Eutrope, située non loin de là, se prosterner devant le grand autel et disparaître sous une des dalles du choeur qui se lève pour la recevoir.

Voulez-vous jouir d'un coup d'oeil charmant ? Allez vous asseoir le matin de la solennité, sur une des vieilles arcades de l'amphithéâtre. De ce poste élevé, vous verrez défiler à vos pieds des groupes de jeunes filles parées de leurs plus beaux habits et se rendant à la fontaine de Sainte-Eustelle. Vives, rieuses et causeuses, elles cachent, sous l'apparente insouciance d'une folle gaîté, le secret motif qui les amène en ce lieu. Mais vous le devinerez sans peine en voyant chaque jeune fille jeter, en rougissant, au fond du bassin, une épingle, emblème d'attachement, et porter à ses lèvres le vase qui frémit dans sa main" (Gautier, Op. cit., 2e partie, p. 114).

Foires de Saint-Jean-d'Angély

- de la saint Luc en 1332, 1335 (Archives Hist. Saintonge et Aunis, tome XXIV, 1895, p. 88, 103, 106, 108).

- de la saint André en 1332 (Ibid., p. 88).

- de Noël en 1380 (Ibid., p. 221).

- de saint Jean décolassé en 1419 (Ibid., tome XXXII, p. 292).

Foires de Taillebourg

- Le 16 mai 1410, le seigneur de Taillebourg s'informe auprès de son sénéchal et de son bailli des droits de foires et marchés à Saint-Jean-d'Angély, Saintes et autres lieux aux environs de Taillebourg, des redevances des marchands et autres qui vont à ces foires et marchés, de leurs franchises éventuelles et de combien d'onces est composée la livre de Saint-Jean-d'Angély. Il a en effet l'intention de rétablir à Taillebourg les foires et marchés abandonnés à cause des guerres "qui ont eu longtemps cours dans le pays" (Ibid., tome XXIX, 1900, p. 48).

- En novembre 1480, Charles de Coetivy, seigneur de Taillebourg, obtient des lettres patentes du roi portant établissement de quatre foires à Taillebourg, outre les deux qui s'y tiennent déjà, et d'un marché par semaine. Le 13 janvier 1481, le sénéchal de Saintonge ordonne au "premier huissier" de faire les actes nécessaires à l'établissement de ces foires et marchés (Ibid., p. 48-49).

Pour l'inauguration, Charles de Coetivy héberge gratuitement à Taillebourg les marchands étrangers. Il paye 14 livres 18 sous et 14 deniers pour "la dépense" de 80 marchands le jeudi et de 70 le lendemain, de 26 chevaux le jeudi et de 16 le vendredi. Un peintre de Taillebourg reçoit 30 sous tournois pour "la façon des écussons et bannières peints pour lever la foire et marché de la ville de Taillebourg". Le receveur du seigneur baille 36 livres tournois au lieutenant du roi des merciers et aux compagnons merciers pour leur participation à "lever" ces foires et marchés (Revue de la Saintonge et de l'Aunis, tome XXV, 1905, p. 96-97).

Publié dans Aguiaine, bulletin de la S.E.F.C.O., tome XXII, n° 2, mars-avril 1990, p. 127-134.